Alaska nous voilà ! Voyage en sidecar Ural (EP2)

6 juin : J4 – Alaska Highway km0 dawson creek => Fort Nelson

440 km “into the wild” à 1100 m d’altitude. Temps superbe de 9 à 17°C sur toute l’étape. La nature sauvage étendue à l’immensité où on a constaté les impacts de l’homme. De longues lignes droites traversant des massifs forestiers de résineux. Certains endroits sont calcinés sur plusieurs hectares. Et puis la faune, biche fauchée sur le bas côté et de l’autre une masse sombre étendue, inerte. Il aura saisi l’opportunité d’un repas facile en traversant la route sans se douter qu’il allait aussi y laisser sa peau dans les mêmes conditions que son funeste repas. L’ours noir pullule ici le gibier est abondant. La rencontre suivante sera plus heureuse avec cette maman et ses deux oursons.

Coté mécanique notre choupisson va extrêmement bien : 100 km ride in solo sur ce trajet. Bon c’est pas moi au guidon quand il s’agit de traverser les ponts métalliques en grille ondulées… Essence sur le parcours OK, par contre, étape sans réel repas. Aucun ravitaillement sur les 300 derniers kilomètres alors qu’on a trouvé un superbe endroit pour pique-niquer sans pique-nique. Heureusement il nous restait deux barres de céréales du prochain petit-déjeuner.

7 juin : J5 – Fort Nelson => watson lake

510 km. 5 à 13°C, quelques gouttes et du vent. Une journée remplie de paysages grandioses où l’averse qui nous a précédé a saupoudré de blanc les sommets environnants. Quand le soleil perce le ciel gris les couleurs explosent tout le panel des verts jusqu’au bleu lagon des rivières. Et puis quelle vie sauvage ! ours noirs, Grizzly, orignal, biches, porc-épic et troupeaux de bisons dont un mâle solitaire nous a barré la route en nous toisant pendant 5 bonnes minutes. Sans parler des locaux qui sont en caleçon avec chaussures de sécurité par 10°C…

Beau, immense, sauvage, angoissant de solitude et tellement envoûtant à la fois. 3 stations rudimentaires sur le parcours pour se ravitailler en essence, en café chaud et d’un bon chili pour ce réchauffer ce midi. Tout véhicule est paré de bidons d’essence pour rallier l’étape du soir. Au revoir beautiful British Columbia, bonjour le Yukon… Ravivant ma mémoire de quelques lectures : croc blanc, l’appel de la forêt, la ruée vers l’or… Cette Incroyable aventure qui est la nôtre car aujourd’hui nous y sommes.

8 juin : J6 watson lake => White horse Yukon

470 km 10 à 20°C soleil radieux. La journée débute par la visite de “sign post forest”. En 1942, un “GI” ayant le mal du pays a cloué sur un arbre un panneau avec le nom de sa ville et la distance qui le séparait de sa famille. 80 ans plus tard c’est une forêt de 80 000 panneaux qui représentent toutes les nationalités.

La route est moins sauvage que les jours précédents. Plus de point de ravitaillement, bien que leur espace ne permettent pas de se passer du rotopax. plus de véhicules, une flopée de bickers qui montent où qui redescendent. Colorado, Mexique, Texas, Alaska… les échanges sont nombreux entre baroudeurs. Et ce midi nous constatons que le pneu arrière est rincé alors ce soir sur le parking de l’hôtel c’est atelier mécanique. Et pour finir la soirée un petit billard dans un bar au son d’un groupe de country.

9 juin : J7 – Whitehorse => Destruction bay

400 km – météo 17 à 22°C ce matin jusqu’à 6°C près du lac Kluane. C’est l’histoire d’un pneu qui éclate à 80 km de notre point de départ. Bravo à mon homme d’avoir su maîtriser choupisson lors de éclatement. Pas de bobo et la chance d’être en ligne droite en montée sans personne en face ni derrière. Après remontage du pneu rincé retour à la case départ pour trouver un garage ayant la possibilité de nous trouver un pneu équivalent. Yamaha Yukon nous a trouvé une solution qui devrait faire le job tant qu’on reste sur la route.. et dans 800 bornes nous attend une solution plus durable. Nous avons réadapté notre itinéraire pour ne pas engager de course contre la montre plus tard dans notre boucle.

Sinon route curieuse avec une ambiance sauvage mais triste à lugubre par endroit. Les sommets de pierre sombre enneigés nous entourent dans un paysage minéral et poussiéreux, nous avons même traverser une tempête de sable au bord du lac. Posés dans un motel typique comprenant station service, boutiques et resto. Le seul point de vie sur des dizaines de km alentours. Quelques animaux croisés pygargues en couple, ours traversant la chaussée et deux biches qui auraient presque assisté à notre incident si la détonation ne les avait fait fuir.

10 juin : J8 – Destruction bay => Delta junction

540 km – soleil 12 à 21°C. 10h de décalage avec la France. La journée débute par la vie sauvage 1 orignal et …. 2 grizzlis à moins de 10 mètres de notre route! De quoi faire réfléchir à ne pas tomber en panne à ce moment là ! Au beau milieu de la forêt boréale. Cette rencontre est saisissante. Je retiens ma respiration quand le regard de ces 2 bestiaux suivent notre trajectoire. C’est génial mais terrifiant à la fois. Point d’orgue le passage de la frontière et hop nous y voilà, l’Alaska !

Elle s’ouvre à nous en nous offrant une météo parfaite après le spleen de la dernière portion de l’”Alaska highway” canadienne qui s’avère être un remake de “danse avec les trous” tellement la chaussée a souffert de l’hiver. Peu de point de ravitaillement on a déjeuné de chips et sucreries sur le bord de la route. Les rivières qui dévalent des sommets enneigés sont puissantes et encore couvertes de glace par endroit. Journée à surveiller notre pneu de substitution : réglage de précision de la pression et sans aucune faille il a fait le job et a su gagner notre confiance. Demain nous avons à nouveau un RDV improbable de calé mais teasing oblige on en parlera demain….

11 juin : J9 – Delta jonction => Fairbanks

300 km de 15 à 19°C. La concession Ural la plus septentrionale du continent américain ! 2 pneus HS à 24h d’intervalle à moins de 900 km d’un représentant Ural si c’est pas de la chance ! En préparant le voyage Philippe avait enregistré tout les endroits qui pourraient s’avérer utile… Avec la confirmation du siège à Seattle nous avons pris contact via les réseaux sociaux et Mickey avait bien 1 pneu en stock pour sauver notre voyage ! Rencontre incroyable “middle of nowhere” dans une cabane aménagée au milieu de la forêt avec un atelier et quelques sidecars de clients de la région.

Mickey, Muriel et sa maman Marlen nous ont accueilli chez eux en dehors de leurs horaires un samedi. Le pneu n’est autre que la roue de secours du sidecar de Muriel qui n’a pas hésité une seule seconde à la mettre à notre disposition.

Les hommes à la manœuvre pour monter le nouveau pneu et switcher avec celui de de substitution, et les femmes autour d’une table et d’un café bien chaud à discuter de leur parcours de vie en Akaska, en Suisse et bien sur en France. Un moment hors du temps dans un endroit au confort sommaire rendant cet instant d’échanges aussi essentiel que fort en émotions. 4 heures de vie partagée. FORMIDABLE pendant que Philippe montrait ses compétences mécaniques devant un Mickey surpris de rencontrer un voyageur qui en connaissait un rayon sur l’entretien du choupisson !

Journée à prendre soin de notre outil de voyage et pour l’occasion il s’est refait une beauté pour honorer cette rencontre. Rendez-vous est pris pour un check complet et une révision après les prochains 1600 km ( aller retour ), point d’orgue de notre voyage en Alaska. Merci Muriel et Mickey de votre accueil ! See you next week.

12 juin : J10 – Fairbanks => Cold foot

410 km (dont 200 km sans revêtement) de 8 à 19°C. Aujourd’hui nous empruntons une route mythique la Dalton Highway. Cette route est une voie privée construite pour l’entretien du pipeline reliant Prudhoe bay à Fairbanks. La route n’est pas sans danger, non revêtue sur de larges portions, elle est tantôt de terre souvent mouillée, tantôt de graviers tassés et quand il y a du bitume, les trous, crevasses ou dévers sont très piégeux. Nous sommes maintenant au delà du cercle arctique où la nuit n’existe plus !

Ce soir nous dormons dans un camp servant de base et de refuge aux ouvriers entretenant route et pipeline mais aussi des biologistes qui étudient l’impact du réchauffement climatique sur ce bout du monde. Le balai des hélicoptères les ramenant à leur “hôtel” de fortune ponctue notre installation dans une minuscule chambre dans un bâtiment type Algeco de chantier. L’endroit est lunaire. J’ai le sentiment d’être en expédition scientifique sur une autre planète ! Les cyclistes voyageurs à l’honneur aujourd’hui. Sur la route nous avons rencontré un jeune couple franco-espagnol descendant à Ushuaia puis ce soir à la cantine du camp, 1 français et 1 suisse (70 ans chacun) avec qui nous avons partagé notre repas en discutant de nos voyages. Respect !

13 juin : J11 Coldfoot => Deadhorse

390 km (250 sans revêtement) 6à 20°C. Il a plu une bonne partie de la nuit autant dire que la matinée va être compliquée. La piste est très boueuse par endroit notamment à l’approche du col Antigun (1444 m). La première partie de la grimpette est couverte de boue entre barbotine et fromage blanc. Des “chasse-boue” descendent à contresens pour tenter de récupérer un peu de grip au sol pour les poids lourds qui descendent. Choupisson peine à grimper et doit se frayer une trace entre le ravin et la dameuse en mode crabe surfant cette bouillasse ! Il arrive enfin au col recouvert de barbotine.

Il sera nécessaire une fois la descente de désembourber la gange séchée qui empêchait le refroidissement de l’huile moteur. Une fois la boue passée, il y a eu les tôles ondulées la chaussée pleine de trou, les zones en terre damée, les zones pavées de ballaste, les zones de travaux pleines d’ornières où il faut suivre le pilot car et puis sur les 60 derniers kilomètres un bitume en peau de circuit tout neuf ! Journée harassante pour le pilote mais pour récompense de nouvelles espèces sauvages croisées : 2 troupeaux de bœufs musqués, 1 troupeau de caribous, un renard qui pensait passer inaperçu en se couchant dans la toundra, et une chouette harfand des neiges. L’arrivée à Deadhorse se fait dans un décor hivernal, rivière glacée charriant des plaques de banquise, lac gelé pourtant il fait 20°C. Demain journée de repos pour choupisson et pour nous…

—-> Retrouvez les aventures de Travelstrom et Traveldouze en sidecar Ural

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