Road-trip en Croatie et Bosnie-Herzégovine – Voyage en sidecar Ural par Uralistan

La Croatie et la Bosnie-Herzégovine, hors des sentiers battus

20 000 km, 9 mois de voyage, 12 pays traversés, 2 aventuriers et 1 side-car Ural. Voilà un (très) court résumé de la première partie de notre périple direction les confins de l’Asie centrale. Au programme de ce second épisode ? Notre traversée de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine quasi-exclusivement par les sentiers de montagne. L’occasion de découvrir ces deux pays autrement loin des tracés touristiques et de faire de belles rencontres. On te raconte tout ça :

Le Trans-Euro-Trail, un projet unique

Traverser un pays uniquement en tout-terrain, comment est-ce possible ? On part au petit bonheur la chance ? Que nenni ! Pour dénicher ces sentiers forestiers et autres chemins d’exploitation, nous avons fait confiance au TET. À l’initiative de ce projet : des motards passionnés de tout-terrain à travers toute l’Europe. Ils mettent en commun leurs traces pour former aujourd’hui une base de données compilant 51 000 km de pistes ! Le top du top ? Ces itinéraires sont interconnectés entre pays. Ainsi, tu peux rallier le Portugal à la Turquie en passant par la Norvège, uniquement par les pistes. Bon, d’accord, faut être un peu maso…

Tout-terrain en Croatie - Roadtrip en sidecar ural en Europe et Asie Centrale - URALISTAN
©Uralistan

Découvrir la Croatie autrement et hors saison

Un passage de frontière étonnant

Deux français qui roulent avec une machine de guerre soviétique, ça peut en étonner certains. C’est notamment le cas de ce cher douanier croate. Ce qui se passe dans sa tête ? L’incompréhension. “Cette bécane doit dater de la guerre, et pourtant, il y a noté 2011 sur la carte grise.” Alors, il vérifie tous les papiers trois fois, demande à ses collègues de vérifier les numéros moteur et châssis, etc… Nous lui expliquons alors que l’usine continue d’en produire même en 2022, et là tout s’éclaire. Après une franche rigolade, nous entrons en Croatie.

Nos premiers ressentis à chaud

Alors clairement, les paysages contrastent avec les décors slovènes. Pourquoi ? Et bien, nous avions trouvé en Slovénie des airs de Haut-Jura avec ses prairies tondues impeccablement et ses tas de bûches rangées au cordeau. Ici, c’est nettement plus bordélique et ça nous va très bien !

Deuxième constat ? Le prix des guesthouses est presque le même que les campings slovènes. Nous optons pour une nuit de confort. Arrivés à notre première maison d’hôte, la mamie gérant les lieux nous accueillent avec un shooter d’alcool de myrtille. Génial !

Les forêts de l’ouest croate par les pistes

Nous débutons nos pérégrinations par des chemins de traverse. Les pistes du Trans-Euro-Trail nous font découvrir de sublimes forêts en montagne. C’est gras et pas trop pentu, un vrai régal en Ural ! Le hic ? A la fin de la piste, nous tombons nez à nez avec une barrière fermée. Facile à contourner en bécane, un peu moins en side-car… Marion part repérer à pied. Et après 40 min de crapahute et de sueur, de branches au sol et des gros cailloux… nous rallions enfin l’autre côté de cette satanée barrière ! Ouf.

Tout-terrain en Croatie - Roadtrip en sidecar ural en Europe et Asie Centrale - URALISTAN
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Une nuit insolite dans un grenier à foin

Exténués par tant d’efforts, nous nous mettons en quête d’un coin où planter notre tente. Le camping sauvage étant interdit, nous cherchons un jardin hospitalier. Notre technique ? Rouler au pas en essayant d’établir un contact visuel amical. Et bingo ! Un fermier accepte que l’on dorme sur son terrain. Le comble : il nous invite à dormir au chaud dans son grenier à foin. Inoubliable !

Nuit dans une grange, Croatie - Roadtrip en sidecar ural en Europe et Asie Centrale - URALISTAN
©Uralistan

Parc du Nord-Velebit et côte dalmatienne

Un peu inquiets d’être de nouveau confrontés à une barrière, nous faisons une infidélité aux sentiers pour profiter un peu de la côte adriatique. Du parc du Velebit jusqu’à Senj, on se régale de décors magnifiques à la sauce méditerranéenne. Une eau d’un bleu intense, de somptueuses montagnes, des îles lunaires, un asphalte impeccable et un grand soleil. Que demander de plus ?

De belles rencontres sur notre route

Fini la délicate symphonie du bitume à la barbante platitude ! Nous nous enfonçons à nouveau dans les terres pour en découdre avec les pistes. Avant cela, nous faisons connaissance avec Rod. Petite présentation ? Ce britannique est un ancien constructeur de side-car. Après être tombé amoureux de la Croatie, il décide de s’y installer . Il se consacre maintenant à la rédaction de livres traitant des trois-pattes. Nous passons une soirée géniale à évoquer tous les sujets possibles attenant à nos attelages.

Rencontre side-car en Croatie - Roadtrip en sidecar ural en Europe et Asie Centrale - URALISTAN
©Uralistan

De retour sur les pistes, nous prenons notre pied à explorer de vastes pâtures ainsi que des petits chemins d’exploitation. Au détour d’un virage, on aperçoit un croate nous faire des grands signes. “Mais qu’est-ce-qu’il veut ?”. Un geste lève l’ambiguïté : on va boire des coups. Bières, saucisson, pain, l’accueil est génial ! Au centre du jardin trône un cochon attendant sa cuisson à la broche. Le tourne-broche fait-maison, est constitué d’un moteur d’essuie-glace entraînant un galet de machine à laver, le tout alimenté par d’une batterie de voiture. Ce sympathique personnage offre un verre aux gens qui passent en attendant que ses potes débarquent pour déguster l’animal rôti ! On adore cette mentalité.

Cailloux, grimpette et transpiration

De retour sur les pistes, ça commence dur dur. Les sentiers sont escarpés, pentus à souhait et rocailleux au possible. Obligés de délester Gobi des bagages pour franchir ces montées. On pousse ! On sue !! Mais ça marche !! La meilleure manière de conclure cette journée ? En bivouaquant en forêt loin de tout.

La Bosnie-Herzégovine, un vrai coup de cœur !

Nos premiers tours de roue

Pour bien débuter notre séjour bosnien, nous décidons de poser les valises quelques jours, afin d’écrire des articles pour notre site internet. C’est ainsi que nous atterrissons à Dvrar. Le topo ? 2 rues principales, 7000 habitants, 50 troquets et 1 bar à biker. Ce sera notre bureau.

Nous profitons de cette immersion pour dresser quelques premiers constats. Les impacts de balle sur les murs sont encore bien présents. L’atmosphère est globalement austère. Et pourtant ? Les locaux semblent ne plus y prêter attention. Leurs visages froids aux premiers abords, s’illuminent lorsque l’on s’adresse à eux. Au bout de deux jours, Jérémy fait des checks avec la boulangère, le patron du bar nous offre des verres… Ça fait chaud au cœur.

Adieu civilisation, bonjour vallées désertées

Après un passage aux chutes d’eau de Martin Brod, dans le parc de l’Una, nous repartons pour les pistes de forêt. Au programme ? De délicieux sentiers de montagnes, de la drache en abondance et pléthores de bourbiers. Ça serait presque agréable si seulement on voyait à plus de 50m. À quoi bon continuer…

Nous mettons alors cap sur la civilisation la plus proche. Sauf que ? Elle est à deux heures de piste de là. Le temps est long. Sur notre chemin, nous traversons des villages fantômes. Ces anciens hameaux abandonnés, aujourd’hui en ruines, sont uniquement peuplés de troupeaux de passage. Scène assez irréaliste que de voir les vestiges de ces maisons servir d’abris pour moutons.

À la découverte de la Bosnie rurale

Après une halte dans un village d’artistes isolé dans une forêt (qui aura valu à Jérémy sa pire cuite du voyage…), puis une visite de la vieille ville médiévale de Jajce, nous repartons tâter de la caillasse. Nous découvrons une Bosnie-Herzégovine rurale seulement accessibles par les pistes. Un village de fermiers isolé, des scènes de vie typiques et la sensation d’avoir remonté le temps, l’expérience est formidable. Mais attends ! Ce n’est pas fini.

Après avoir traversé des montagnes aux géniales forêts rocailleuses, nous découvrons maintenant de vastes prairies étrangement vallonnées. C’est un lieu de premier choix pour les pâture. Notre petite surprise ? Un deuxième mirage bosnien. À l’orée d’une forêt, un village abandonné en ruines est maintenant peuplé par un troupeau de vaches. Irréaliste !

Ramsko Jezero, un lac somptueux

Maps.me nous indique un belvédère, non loin de notre itinéraire. Dans le doute, nous allons voir de quoi il en retourne. Alors ? C’est la claque visuelle ! Notre coup de coeur panoramique ! Nous jouissons d’un point de vue extraordinaire sur le lac Ramsko Jezero, en contrebas. Les eaux de bleus intenses, les innombrables îlots, le décor à couper le souffle, nous passons de longues minutes à contempler la beauté de ces lieux en dégustant une bière-saucisson-fromage. Puis nous descendons pour planter la tente le long de cette étendue d’eau. Le lendemain, nous rencontrons Benoît, un motard parisien sur la route durant 4 mois. Son itinéraire ? Les Balkans par les pistes puis un crochet par le cap nord. Souviens-toi de son prénom car c’est un personnage clé dans la suite de notre road-trip bosnien.

14km en 5 heures

Lukomir est un petit village paumé dans les montagnes et accessible uniquement par les pistes. Nous partions assez confiants, mais rapidement nous comprenons que ce ne sera pas une promenade de santé… Benoît, le motard parisien rencontré précédemment, nous accompagne aujourd’hui. Et son rôle est crucial ! Pourquoi ? Il joue l’éclaireur et aide à pousser.

1er obstacle : des pistes caillouteuses sévèrement pentues. A tel point que Marion doit par moment descendre pour pousser l’engin. La galère ! La suite ? Des coulées de neige nous attendent ! Vaillants que nous sommes, nous entreprenons de creuser notre passage à la pelle. On n’est pas sorti de l’auberge… Bonne nouvelle, Benoît nous annonce qu’une autre voie est possible. Moins de neige mais plus de grimpettes. Nous tentons notre chance !

Bref, on te la fait courte. Ces pentes nous donnent du fil à retordre, si bien que nous devons délester au maximum Gobi. Bagages, jerrican, huile moteur, provisions, tout y passe ! Après des litres de sueurs, une ascension sportive en zigzag et quelques millimètres de garniture d’embrayage, nous rallions enfin le sommet !

Ultime épreuve ? Une autre coulée de neige. Nous en venons à bout après plusieurs heures d’efforts intenses et avec à la clé un changement de pneu d’anthologie. Mémorable !

Rassures-toi, tous ces efforts sont largement justifiés. Lukomir est une perle rare, un hameau blotti au bout du monde. Les décors y sont absolument incroyables. Que dire de cette bière dégustée à flanc de montagne ? Elle a cette saveur particulière de la mousse méritée au centuple après les efforts, la sueur et les galères. Je te le dis : Lukomir, on s’en souviendra !

Sarajevo, une ville attachante au lourd passé

A priori, explorer la capitale bosnienne ne fait pas vraiment rêver. La faute à cette architecture austère et aux stigmates d’une guerre récente. Et pourtant, nous avons beaucoup aimé. Notre préférence ? Ce mélange architectural et des genres où synagogues, mosquées et églises cohabitent. Appels à la prière, musique traditionnelle enjouée et sons électro modernes constituent la bande son de cette ville cosmopolites. Et l’on croise autant de femmes en minijupes qu’en hijab. L’ambiance générale y est détendue et joyeuse. On adore !

Une forteresse, des lacs, Mostar, une cascade et un crochet par l’Adriatique

Nous poursuivons ce voyage avec quelques visites fort agréables (presque trop paisibles ?) : le lac de Boračko où se retrouve les familles, les pistes du lac de Blidinje, la jolie ville de Mostar avec son pont latin, la forteresse de Blagaj et son génial panorama, le mignon village de Počitelj, et pour finir les cascades de Kravica à l’eau turquoise.

Savais-tu que la Bosnie-Herzégovine ne disposait que d’un littoral de 20km sur l’Adriatique ? Cette singularité est issue des partages territoriaux liés à la Grande Guerre de Turquie. On pourrait imaginer que cet unique accès à la mer soit superbement mis en valeur. Ce n’est pas le cas. Ainsi, Neum, l’unique station balnéaire du pays est assez quelconque voire moche. Il n’empêche que les routes de montagne que nous avons emprunté pour la rallier valent leur pesant de cacahuètes.

Passage obligé par Dubrovnik

Alors que dire ce lieu aussi étonnant que touristique ? Nous avons adoré nous perdre dans ses ruelles et le caractère gigantesque de cette citadelle. 2km de remparts pardi ! Ensuite, se promener dans ce dédale de ruelles pavées est une expérience géniale qui te propulse dans une autre époque. Mais ? Nous tombons en même temps qu’un bateau de croisière qui vient de libérer ses centaines de touristes. La poisse ! Mais heureusement que nous sommes hors saison !

Notre odyssée croato-bosnienne par les pistes touche à sa fin. Qu’en retiendrons-nous ? Arpenter ces sentiers ruraux ou montagnards nous aura permis de découvrir une autre facette de ces deux pays. Un visage moins touristique avec son lot d’épreuves et de rencontres. Alors oui, nous avons galéré. Mais Gobi nous a prouvé qu’un Ural va partout ! Longue vie à lui !

>> Vous avez manqué l’épisode 1 de ce Road-trip en side-car Ural à travers l’Europe et l’Asie centrale ? Cliquez ici

 

2 commentaires sur « Road-trip en Croatie et Bosnie-Herzégovine – Voyage en sidecar Ural par Uralistan »

  1. Merci et bravo pour cet extraordianaire récit.
    Comme l’essenteil de vos lecteurs, je suppose, je suis à la fois emerveillé et un peu effrayé par vos aventures.
    Il faut que vous ayiez une bonne grosse dose de folie, non ?
    Continuez à nous enchanter des récits de votre aventure !

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