Il manquait le fond et un coté du support ainsi que le jerricane. 50 km avant le bivouac j’avais fait le plein d’essence dans une toute petite station, ou les 2 seules pompes étaient « posées » sur le sable, les pistolets accrochés à un clou, et je ne m’étais aperçu de rien, ou alors j’avais du sable dans les yeux ? Impossible de rebrousser chemin pour essayer de le retrouver, la nuit était déjà là et il m’aurait été difficile de retrouver les pistes empruntées.
– Facile me suis dis-je, et dans mon élan, j’entame le passage du second gué.
– Merde me suis dis-je.
– gloup gloup me répondit Sacha.
Nous ne sommes pas parvenus à remonter sur l’autre rive. Première erreur ; j’aurais dû enclencher préventivement la seconde roue motrice. En effet, dès que j’ai entamé la remontée, avec la pente et les fonds sablonneux, nous nous sommes ensablés et à ce stade, le crabotage du 2WD ne sert plus à grand-chose sans un minimum de vitesse. La seconde erreur, c’est justement la faible vitesse avec laquelle je suis rentré dans l’eau. Je voulais éviter qu’une vague submerge le moteur. Bref, après avoir essayé de me dégager avec ma pelle, un local et son fourgon 4×4 russe (du modèle de celui que l’on voit dans tous les reportages) est venu me tirer de l’eau.
Encore une rencontre trop courte
J‘étais à moins de 200 km de la ville d’Aralsk (Aral) et c’était la première fois au Kazakhstan que je rencontrais des conditions de route excellentes, une route toute droite, presque déserte, menant directement à Tachkent en Ouzbékistan. Je roulais à fond, comme à mon habitude, aux alentours de 60 km, quand j’aperçois dans mes rétros deux phares de moto qui se rapprochaient très rapidement. La 1re moto, arrivée à ma hauteur, stabilise sa vitesse sur la mienne (j’aurais pu croire qu’il allait caler), la seconde restant 10 m derrière.
Ils sont 3, 2 hommes et une femme, sur 2 motos à faire un circuit Russie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kazakhstan et retour en Russie. Ils étaient plutôt pressés et sont repartis très vite, dommage. Le blason sur le dos de la veste en jean représentait 3 ou 4 têtes de mort, si quelqu’un les connaît, je serais intéressé pour d’en savoir plus. Alex insista pour me laisser son n° de téléphone en me précisant que si je rencontrais des problèmes, quels qu’ils soient, ici au Kazakhstan ou ailleurs, je devais l’appeler. Merci.
Sur la piste du cimetière
Cela faisait 2 jours que je cherchais une piste pour aller voir un cimetière de bateaux où plusieurs épaves sont posées sur le sable. Je crois me rappeler qu’Hubert ne l’a jamais trouvée. Ce site, comme tous les autres sur cette partie nord de la mer d’Aral, va disparaître. De gros travaux et la condamnation de la partie sud de cette mer intérieure doivent permettre à l’eau de revenir à sa place initiale. Dans cette perspective, les navires sont démantelés par les ferrailleurs. Aujourd’hui, la mer est à 60 km de l’ancien port d’Aralsk et le cimetière de bateaux est à 40 km, à vol d’oiseau, de cette ville, uniquement accessible par une piste très peu fréquentée
Là aussi, on finit par apprendre à reconnaître les terrains meubles. Sur la photo de dessous, à votre avis, quel est le terrain le plus fréquentable ? La partie blanchâtre, salée ou la partie brunâtre, de la terre séchée ?
La réponse est sur la photo, Sacha est sur la partie blanchâtre parce que le sel durci le terrain, l’autre, dès que vous y mettez les pieds, vous vous enfoncez de 2 cm. La sorte de digue à droite c’était l’ancienne rive, Sacha est virtuellement dans l’eau. Pour passer dans le sable mou, il n’y a pas de secret, il faut un minimum de vitesse pour ne pas s’ensabler, je roulais donc entre 25 et 35 km/h. Dégonfler les pneus peut aussi être nécessaire. Pour passer les ornières très profondes, on joue les équilibristes. Les roues avant et arrière de la moto sont sur la bosse centrale et la roue du panier sur l’extérieur de la piste, même si parfois le gare boue du panier racle le talus. L’inverse est plus délicat ou pas toujours possible. En effet, la piste est parfois encadrée par deux murs de sable, comme on le devine sur la photo. Avec ce type de piste, le mieux serait d’en sortir, sauf qu’une fois engagé, cela est impossible, toujours a causse des murs de sable.