Sacha emmène Tamata pour un long voyage – EP3

Les rencontres

Quelques belles rencontres, toujours éphémères hélas, mais c’est le prix à payer quand on est sur la route. Parfois il s’agit simplement d’un sourire, d’un regard appuyé ou d’un signe de la main. Parfois c’est un peu plus, comme ce vieil homme rencontré dans une station essence de la Suisse Allemande. Il ne parlait qu’Allemand, moi pas. Pourtant, il avait les yeux qui brillaient, surtout quand je lui ai montré la carte routière du monde que j’utilise pour communiquer sur ce voyage. À son âge il travaillait toujours, livrant du pain frais, alors il m’a ouvert les portes de son fourgon et m’a fait comprendre que je pouvais choisir ce que je voulais. Merci Monsieur, même sans échange verbal quelque chose de fort peut se manifester, je n’oublierai pas vos yeux pleins de vie.

Il y a eu Luca, propriétaire d’un minuscule tabac du centre de la magnifique veille ville de Vérone. Là, parlant un peu l’italien, nous avons pu avoir un échange plus ‘’approfondi’’. Pourquoi ce voyage fascine-t-il toutes ces personnes, qu’y a-t-il de prodigieux à cela, c’est même parfois difficile. Est-ce la liberté que cela évoque face à une vie de plus en plus contraignante ? Luca a tenu à participer lui aussi à ce voyage, il m’a offert ce qui m’était le plus utile dans son magasin, une bouteille d’eau, merci.
Au Monténégro, il y a eu ce canadien, dont j’ai oublié le prénom mais certainement pas le visage et l’aura. Pourtant les choses n’avaient pas très bien commencé. Il se gare à coté de Sacha, ouvre sa portière en percutant le coté du panier. Le coup n’était pas violent et il s’excuse, le mal est pardonné. De toute façon, je ne suis pas du genre à faire un scandale pour si peu, c’était plus une contrariété parce que je l’aime Sacha, et de plus en plus. Bref, il vient vers moi et demande sa route, à moi qui ne voyage qu’avec une carte générale de l’Europe. Pour lui dire que je ne sais pas, je lâche un mot de français et là, il s’arrête de parler, me regarde, et un court mais intensif échange s’établit. Parcours atypique d’une personne qui s’est rendu compte de l’absurdité de sa vie, notamment en Amérique du nord où tout est business. Il parcourt le monde, cherche la paix intérieure en Inde et vit aujourd’hui en Serbie avec sa compagne Serbe. Beau personnage mais zut, pourquoi faut-il que ça s’arrête déjà !
13 jours de voyage c’est bien trop peu pour une transformation personnelle, si transformation il doit y avoir. Peut-être qu’il faudrait plusieurs mois pour cela.

Les seules transformations dont je peux attester, sont :
– une petite perte de poids, mais je me soigne ici à Istanbul où j’adore la nourriture proposée dans les restaurants locaux. De toute façon, je n’ai pas les moyens de m’offrir un restaurant proche des sites touristiques, autour de 15 / 20 €. Ici, dans les quartiers ‘’populaires chic’’, une boule de pain d’1 kg me revient a 4 livres Turques, soit 1,3 € et un repas avec du thé 14 livres, soir 4,5 €.
– l’autre transformation physique, c’est l’acné qui s’aggrave, celle-là même qui inquiétait Dan avant mon départ, à surveiller.
– enfin, toujours concernant les changements physiques, j’ai perdu des cheveux et un peu de barbe, mais c’est de ma faute puisque j’ai payé 10 livres Turques (3,2 €) pour une coupe et une taille de barbe.

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Mécanique et philosophie

Un side-car Ural, c’est un OVNI (quand je vous dis que c’est de la science-fiction), engin qu’ils n’ont apparemment jamais vu en vrai. Il y avait souvent 4 ou 5 personnes autour de Sacha, chacun avec un avis. Tous ont voulu m’aider, peu étaient outillés pour le faire. J’ai fait plusieurs garages ou ateliers, en poussant (avec leur aide) parce qu’une fois démontée, il était impossible de remonter la bougie. Ensuite, l’accès à la culasse droite n’a pas été simple. J’ai simplement reculé la culasse sans pouvoir la sortir complètement, mais ça été suffisant pour faire le taraudage sans abîmer le piston et nettoyer tous les copeaux. Cela m’a ruiné, 40 Livre Turc, soit 13 € !!

Commentaire de Dan :

ton aventure commence : si tu as deux gouttes d’huile qui sortent par les joints, ne prends aucun médicament, c’est normal car tu entres dans le monde incroyable de l’absence de garage à 1000 bornes à la ronde, donc tu roules quand même…En rentrant d’Ecosse, j’ai fait une pointe à 140 comme un couillon et j’ai fumé mon joint de vilo qui pissait l’huile depuis. Ben j’ai gardé la fuite 8 mois (pas le temps…) et ma vie n’en a pas été altérée. Nos sides sont infernaux à cause de cela : même cassés ils roulent. »

atamata 6

Départ d’Istanbul

Voilà, cela fait déjà 10 jours que je suis à Constantinople, et c’est Byzance !!
Blague mise à part, ce sont les anciens noms d’Istanbul, c’est dire si la ville est chargé d’histoire. J’y avais passé une petite semaine il y a 2 ou 3 ans et j’avais adoré, et je n’ai pas changé d’avis. Il est inutile que je vous fasse l’article parce que c’est une ville extrêmement touristique (trop, même en cette saison !) et vous pouvez trouver un tas de choses sur elle.
Demain, départ pour Ankara pour demander mes visas et dans la foulée, un tour complet de la Turquie. C’est aussi mon passage officiel vers l’Asie.
La plupart du temps, j’ai laissé Sacha au garage pour visiter Istanbul. La ville est très engorgée et Sacha est un pur-sang, il n’aime pas piétiner, il lui faut de grands espaces. Repose-toi encore cette nuit mon copain, demain, c’est encore toi qui fera tout le travail et je te remercie pour ça, mon frère. Même s’il est encore tôt pour l’affirmer complètement, mais je crois que Dan a raison, il ne m’abandonnera pas dans les situations difficile, il me l’a déjà prouvé.
Bon, les dents, a priori ça va. 2 révisions complètes faites avant de partir et tout était ok. Au pire, j’ai une paire de tenailles de chantier, les vraies, il ne me manque que les clous de girofle, j’espère que c’est encore la saison pour en ramasser dans les bois !!!

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Les femmes de l’ombre

Je voudrais profiter de cette date pour remercier 2 femmes qui m’ont beaucoup aidé pour ce voyage ;
Ma sœur Marie-Anne, pour qui aujourd’hui 4 avril est un jour particulier, c’est son anniversaire. Elle est le noyau central de notre famille, mais pas seulement. Elle m’a apporté, elle et son mari Patrick, un soutien logistique et moral extrêmement important. Merci ma sœur, je t’aime pour ce que tu es, je t’aime pour ce que tu nous apportes, ne change pas.
Ensuite, Valérie, dite dame sourie (, pour tout ce qu’elle a fait d’important pour la bonne marche de mon projet. Je l’aime aussi, d’une façon différente .

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Liberté conditionnelle

Aujourd’hui, ce même 4 avril, je ne suis plus en liberté. Plus libre de nom emploi du temps, plus libre de rêver à l’envie devant un paysage merveilleux, plus libre de rester autant de temps que je le voudrais avec les personnes rencontrées. La faute aux visas.
Je suis à Ankara depuis mardi pour faire toutes les démarches nécessaires à l’obtention des visas Russe, Kazakh et Ouzbek. Cela est en bonne voie et je dois repasser dans 15 jours pour les récupérer. Mais voilà, aujourd’hui, je suis contraint a des périodes de passage, voire à des dates de passage ”obligatoires” parce que pour l’obtention du visa russe notamment, il faut au mois un coucher pour une nuit d’hôtel, délivré par une agence de voyages. Une invitation chez une personne fonctionne aussi, si elle a une adresse fixe, ce qui n’est pas mon cas.
Cela m’a déjà coûté 360 dollars américains (et je ne compte pas les faux frais comme les photos, etc.). Et oui, tout est payable en dollar, l’argent n’a pas de couleur !
Demain, je pars visiter la Turquie, notamment la Cappadoce, comme je l’avais prévu.

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> Découvrir les autres épisodes du long voyage de Tamata emmené par Sacha (son sidecar Ural)

 

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