La situation actuelle n’est guère propice aux aventures à moto. Covid, couvre-feu, températures négatives, etc… Alors, comment s’évader dans ces temps incertains ? Il semblerait qu’on ait trouvé la solution avec la Minivernale du Cantal. Quésaco ? Et bien on prend la recette de l’hivernale qu’on adapte à la sauce Covid en limitant le nombre de participants. Prenez 6 loubards triés sur le volet, prévoyez une organisation aux petits oignons, saupoudrez allégrement de neige et laissez au congélateur pendant 2 jours. Voici le récit de la 1ère édition d’un événement magique.
Samedi, 6h du mat. Réveil aux aurores car la route est longue.
L’Ural de Wlad démarre au quart de tour. Quant à Gobi (mon side-car), c’est seulement après un déluge de coups de kick qu’elle daignera coopérer. On charge le matos de camping, la gamelle de sauté de porc et c’est parti.
Roulage de nuit jusqu’à une intersection où l’on s’arrête. J’admire l’organisation millimétrée de Wlad car 10 minutes après, Romain, son compère apiculteur nous rejoint. On fait les présentations, se réchauffe tant bien que mal avec du café et c’est reparti. Romain roule avec une superbe Bullet 500. Il ne le sait pas encore, mais une troisième roue lui aurait bien été utile.
Il fait froid, très froid. C’est évidemment à ce moment là que mes poignées chauffantes décident d’arrêter de fonctionner. Loi de Murphy ? Sûrement. Le levé de soleil sur le plateau des Millevaches est un spectacle qui, à lui seul, justifie bien des sacrifices.
8h30, nous faisons une halte croissant/café. Le thermomètre indique -8 degrés, mon tour de cou est gelé. Nous reprenons la route jusqu’à une station essence.
L’aventure de la Minivernale commence au pied des cols.
Plus nous gagnons en altitude, plus la neige est présente. Les plaines recouvertes d’un manteau blanc immaculé sont magnifiques. A contrario, la route verglacée est un ennemi sournois. Et c’est la Bullet qui en fait les frais. Malgré sa prudence, Romain chute, heureusement sans gravité. Prendre de l’angle avec sa Royal ? Il sait faire ! On atteint le paroxysme du patinage artistique lorsqu’il laisse un cale-pied dans une congère. Quant aux side-cars Ural, ils sont dans leur élément de prédilection.
Petite halte pour retrouver Pascal, un compère sidecariste. Sa 1500 Goldwing attelée est à l’opposé de l’Ural. La japonaise est toute carénée, bardée d’électronique et pèse 800kg avec la remorque ! Comme quoi, chacun voit midi à sa porte avec les side-cars.
Les derniers kilomètres sont piégeux. Chacun se tank à tour de rôle et c’est moi qui ouvre le bal !
Comment je fais mon compte ? Simplement en me garant sur le côté pour filmer. En 5 minutes, la glace emprisonne la roue du panier, impossible de sortir. Heureusement, un couple d’isérois en voiture passaient par là et m’ont aidé à pousser. C’est ensuite au tour de la Bullet : roue avant bloquée par la neige. Il ne fait pas bon s’arrêter par ces températures. A peine la Royal Enfield repartie que la Goldwing se trouve stoppée pour la même raison.
On reprend la route tant bien que mal. Mais qu’en est-il de Wlad ? Il ne s’est pas encore mis au tas ? Et bien, c’est maintenant chose faite. La roue du panier légèrement dans la neige freine tout l’attelage et en voulant repartir, il finit dans la congère.
A quelques centaines de mètres du spot de camping, l’ultime épreuve : une pente montante verglacée.
Pas de souci pour les sides. C’est une autre histoire pour Romain et sa Bullet. Faut-il pousser ? Non, ça serait trop facile. Nous décidons de mettre des rilsans sur le pneu arrière pour gagner en adhérence. Et ça marche !
Tant bien que mal, nous atteignons le lieu du bivouac. L’endroit est incroyable avec la vue sur un lac gelé. Mine de rien, il y a des airs de Mongolie. Il est temps de s’installer : déneiger l’accès, monter les tentes, allumer le feu de camp puis activité luge tractée par l’Ural. On est pas mal.
C’est une fois le camp monté que les choses difficiles commencent.
Il va falloir se délecter de délicieux mets locaux, déguster des breuvages divins et refaire le monde autour du feu. Dur, non ? Tout cela fait facilement oublier le vent à écorner les bœufs, le froid de canard et les chutes de peaux de lièvres.
La nuit, bien que rude, est instructive car les conditions climatiques font varier la température. Il faut donc faire un peu de gymnastique dans le duvet pour se rhabiller, se déshabiller, enfiler les chaussettes, etc…
Dimanche 08h30, le camp se réveille.
Le levé de soleil sur le lac justifie amplement les 1000 bornes aller-retour depuis Nantes. La route étant verglacée, Romain prend la sage décision de ne pas rouler. Comment ramener la Royal dans ce cas ? En l’attelant au Range de l’ami local. Le montage est scabreux, douteux, bancal, incertain, mais c’est toujours mieux que de se gaufrer tous les 200m. Une dernière ration de viande grillée et c’est l’heure de mettre les voiles.
Tout cela ressemble à une belle aventure pavée de souffrances et de difficultés que l’on s’est soi-même imposé. Alors, on est en droit de se poser la question : pourquoi ?
Pourquoi partir se geler les miches dans la neige ? Pourquoi camper par des températures négatives ? La réponse est simple : pour se sentir vivant. Vivre des moments pareils rapproche les hommes et permet d’apprécier davantage les moments où l’on est tranquille chez soi. Nous n’avons plus qu’à souhaiter une longue vie à cette minivernale !
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Chapeau et reportage sympa
Bravo vous vous défendez bien kamarads, comme on vous envie !!!