Corona Tour en sidecar Ural (EP 3)

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21 aout

Baïkal

Je viens d’arriver à Ulan-Ude. L’absence de wifi m’a tenu un moment loin de vous. Je voudrais vous raconter à présent m’a petite échappée sur l’île d’Olkhon au centre du lac Baïkal. Mardi 18, je quitte Irkoutsk. A priori, l’étape est courte pour rejoindre le petit bourg au centre de l’île d’Olkhon sur le Baïkal. À peine 300km. Oui mais…

Alexey, le guide francophone que j’ai rencontré la veille m’a prévenu, le ferry pour rejoindre l’île est pris d’assaut en ce moment, il peut y avoir beaucoup d’attente. Et puis, une fois sur l’île, la piste est cassante donc ça va être long. Du coup, je me lève à 4h30 et je pars à 6h. Cela me permet de voir le jour se lever sur Irkoutsk. Et puis, au détour d’une colline, je le vois. C’est le lac Baïkal dans sa majesté. Drapé d’azur, il s’empare de l’horizon et m’invite à descendre dans la vallée. Pour le traverser, il me faudra patienter 2h pour embarquer sur le ferry. La traversée elle-même ne durera que 15 minutes. L’occasion d’ébaucher des conversations avec des membres d’équipage et des touristes russes.

Après le débarquement, me voilà sur l’île d’Olkhon, 80 km de long, 15 de large, c’est l’un des spots les plus courus du Baïkal. Une piste la traverse dans le sens de la longueur. Un bourg en son centre regroupe la quasi totalité de la population et les services associés. Ici pas de goudron, il n’y a que des pistes, la steppe et un peu de forêt. La piste principale est une planche à lessiver. La tôle ondulée y est dramatiquement cassante. Au point que le gros du trafic se répartit sur deux pistes latérales improvisées à droite et à gauche de la principale. Sur les conseils d’Alexey, je laisse l’axe principal et je pars dans la steppe sur des petites pistes dans les collines.

Je vais très vite me retrouver en difficulté à cause du dénivelé que Passepartout n’arrive pas à absorber. Surchauffe, arrêts pour refroidir et passage en deux roues motrices me permettront de m’en sortir. Finalement, j’abandonnerai assez vite les pistes pour rouler en pleine steppe ce qui outre le côté « free ride » s’avère beaucoup plus confortable. Enfin c’est l’arrivée à Khoujir. Je prends mes quartiers et ressors visiter l’endroit. Le bourg est étonnant par son absence de goudron. Les maisons semblent posées là séparées par de la terre damée. Il y a foule de touristes. Je vais même rencontrer pour la première fois depuis mon arrivée en Russie, deux touristes étrangers. Un américain et un canadien qui travaillent à Moscou et se sont retrouvés piégés ici pour les vacances.

La douceur du soir et un beau coucher de soleil seront une bien belle récompense pour ce premier jour dans l’île d’Olkhon. Alexey m’avait fourni lundi tous les détails pour visiter l’île d’Olkhon, la fleur du Baïkal. Il m’avait aussi donné le nom d’un guide francophone, Nathalie, disponible pour m’organiser un tour de l’île. J’ai choisi cette option et le jour suivant, à 9h, Nathalie est là, chez Nikita (mon hôtel) avec son chauffeur, Vitale, et leur UAZ-452 (4×4 russe très populaire ici). Nathalie parle très bien le français, elle connaît parfaitement le Baïkal et sa région. Elle est aimable, discrète, attachante et son regard lointain semble abriter une vie intérieur riche et mystérieuse. Vitale est un habitant de l’île. Il ressemble a Tommy Lee Jones, il sourit tout le temps et conduit son UAZ en force avec efficacité.

Nous partons à la découverte de l’île, de ses falaises, de ses hameaux, de ses pistes particulièrement coriaces, de sa steppe et de ses forêts. Un cerf de Sibérie traversera la piste à vive allure devant nous. Un très bon signe d’après Vitale car il est très rare d’en voir. Le point d’intérêt principal sera le cap khoboy situé à l’extrême nord de l’île. Les paysages sont magnifiques, majestueux et vous transpercent. Ciel infini, mer d’un bleu limpide au bout d’une steppe fauve ondulant sous le vent. Comment ne pas comprendre alors que cet endroit est plus qu’un lieu de randonnée. C’est aussi et d’abord la terre sacrée des chamans qui se retrouvent ici par centaines chaque année au début du mois d’août pour des rîtes et des transes collectives. Leur poteaux sacrés marquent chaque lieu où règnent les esprits. Nathalie me raconte petites et grandes histoires du Baïkal. Petite histoire: Sylvain Tesson a passé 1 mois à la pension Nikita après ses 6 mois dans une cabane à 200 km d’ici. Il était logé dans la chambre 10A. C’est celle que j’occupe en écrivant ces lignes.

Grande histoire: Longtemps l’île d’Olkhon n’a vécu que de la pêche. Tout le monde y travaillait plus ou moins pour l’usine de poisson. On y traitait l’Omoul, le poisson emblématique du Baïkal. Avec les années 90 et l’effondrement de l’URSS, la poissonnerie à fermé et doucement, difficilement s’est mis en place alors une économie essentiellement basée sur le tourisme. A présent, l’île est sillonnée de UAZ qui laisse leur double cicatrices à travers la steppe. La faune y reste malgré tout très présente avec des loups, des lynx et des cerfs entre autre.

Elle me racontera aussi la solitude de ces familles isolées de tout, de ces anciens qui restent seuls dans des maisons de bois hors du temps et des hommes. Et puis elle me parlera de l’hiver qui donne toute sa grandeur au Baikal. De février à mai le lac, grand comme la Belgique, va geler. En quelques nuit par -45 degrés, 50 cm d’abord puis jusqu’à 1 mètre de glace vont se former. Viendra alors le temps ou les « capitaines des glaces » vont ouvrir des routes qui sillonneront le Baïkal le temps de l’hiver. C’est d’après elle l’extraordinaire féérie du Baïkal qui n’a pas d’équivalent au monde.

De retour, c’est le temps des adieux. Je sens chez ma guide le même regard que ceux qui, du port, regardent partir des bateaux vers des contrées lointaines en se disant qu’ils embarqueront un jour eux aussi. Elle m’avoue qu’elle économise pour visiter un jour Cuzco et le Machu Picchu. C’est son rêve. Je lui dis qu’elle le fera, c’est certain. Je n’en sais rien, je ne suis pas chaman et je ne connais pas l’avenir mais l’expérience m’a appris que l’espoir est le carburant des rêves. Sans lui les rêves s’éteignent et commence la petite mort de l’âme. Alors qui suis-je pour ne pas entretenir l’espoir.

 

 

 

Le lendemain, je quitte donc la « chambre de Sylvain Tesson » pour retrouver le cours de ma route. Debout à 5h pour arriver tôt au ferry, j’apprends qu’il ne démarre pas avant 8h30. C’est l’occasion de faire un dernier tour dans Khoujir. Dans le petit matin je découvre le port, sa fameuse usine à poisson aujourd’hui abandonnée et les carcasses d’anciens bateaux de pêche laissés à l’appétit insatiable de la rouille. Tout le drame joué ici se lit dans ces vestiges d’une économie qui ne se justifiait que par des plans venus de loin. Les lois du marché y ont mis fin sans état d’âme.

Il est temps de prendre la route ou plutôt la piste. Les 35 kilomètres qui me séparent du ferry sont particulièrement difficiles pour Passepartout qui chauffe anormalement dans chaque monté. Alors il faut s’arrêter et attendre. De guerre lasse, je vais sacrifier aux esprits du Baïkal et faire une offrande sur le bord de la route. Une simple pièce sur un rocher. Les esprits m’ont entendu, nous arrivons au ferry sans encombre. Pas d’attente, c’est le continent à nouveau.

Nous reprenons la route d’Irkoutzk. Je m’inquiète pour Passepartout qui continue à chauffer. Ok, je t’ai entendu mon ami. Je m’arrête sur le bord de la route et me lance dans une révision complète: vidange, changement des filtres, suppression du protège carter. Réglages divers, lubrification. Je passe 3 heures dans les entrailles de mon complice. Il m’en est reconnaissant. Nous pouvons repartir et Passepartout s’est significativement « refroidi ». Ce soir là je dormirai bien et demain, un autre jour tout neuf va s’inventer pour nous.

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22 aout

Ulan-Ude, Ed et Sergueï.

Parlons d’abord un peu d’Ulan-Ude. Vous avez l’habitude maintenant et je ne vous surprendrai pas si je vous dis qu’elle fut fondée par les cosaques au 17 ème siècle pour lever l’impôt sur les gens du coin. De même, si j’ajoute que le transsibérien qui arrive ici au tout début du 20 ème siècle, fera passer la population de la ville de 3500 habitants à plus de 120,000 en 60 ans à peine(400,000 aujourd’hui). Ce schéma vous est à présent familier. Là où Ulan-Ude est totalement différent des villes que j’ai traversé depuis Irbit, c’est dans sa population, sa couleur son identité. Nous sommes entrés en orient, en extrême-orient même. Ici 90% de la population est de type mongole. Les caucasiens sont très minoritaires. Ici les temples bouddhistes dominent la cité physiquement et «cultuellement ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Ulan-Ude est la capitale de la république de la Bouriatie. Les bouriates sont de type asiatique. Ils occupaient une aire géographique qui par les hasards de l’histoire s’est retrouvée partagée entre la Mongolie, la Chine et la Russie. Les chamans, le bouddhisme, c’est eux. En 400 km hier, j’ai changé de monde, j’ai changé de culture et j’ai même changé de dieu. Ce n’est peut-être pas ce que dit la carte mais l’Asie commence ici.

Le décor étant planté, il est temps de parler des personnages. Vous vous souvenez sans doute de la rencontre avec Artem sur le bord de la route qui m’avait conduit à cette surprenante et passionnante découverte d’Akademgorodok puis à la rencontre avec Andrey et cette extraordinaire visite d’Irkoutsk. J’étais guidé, une chaîne de l’amitié s’était mise en place. Des gens remarquables par le coeur et l’esprit me tenaient la main. C’est Andrey qui m’a mis en contact avec Ed qui habite Ulan-Ude.

Ce matin, il était là avec son ami, son complice: Sergueï. Tout de suite j’ai été frappé par la complicité de ces deux là. Ed, l’intellectuel, électrisé par ses passions, vif parlant beaucoup emporté par ses mots, s’excusant tout le temps de ne pas assez bien parler anglais. Et, se faisant, se prenant les pieds sans arrêt dans tout ce que Ulan-Ude compte de cailloux qui dépassent. Un grand oiseau « que ses ailes de géant empêche de marcher ». A l’opposé, son ami Sergueï, tout en retenu, tout en discrétion mais attentif, intelligent, captant en un instant tout d’une situation. Bienveillant.

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Ces deux là vont m’emmener en voyage

Nous commencerons par le temple bouddhiste de Datsan “Rinpoche Bagsha”. Très vite je comprends que les pierres, la religion dans ce qu’elle a de plus ostentatoire ne les intéressent pas. Apres un tour rapide dans le temple lui-même, il vont me faire découvrir le « chemin de la vie ». C’est une promenade en forêt aménagée autour du temple. Il y a 12 stations qui correspondent aux douze animaux de l’astrologie chinoise. Nous y parlerons de la vie, de nos espoirs, de nos déceptions. Un écureuil nous filera entre les pattes, une tourterelle se posera sur une branche devant nous, une autre viendra jouer les Saint-esprit sur une photo. La magie d’un moment. Et si on y croit, la promesse d’un beau voyage.

Nous marcherons ensuite longtemps sur les trottoirs de Ulan-Ude. Ed me montrera les pompes manuelles qui permettent de s’approvisionner en eau dans les maisons les plus anciennes. Nous boirons de la bières en comparant les mérites de nos pays respectifs et en nous racontant nos vies. Puis Ed me fera découvrir une cantine bouriate bien cachée dans une vielle bâtisse en bois où nous partagerons les spécialités locales. Il faudra pourtant se quitter et ce sera l’occasion de se souhaiter tous les bonheurs du monde.

Le voyageur ne fait que prendre le meilleur de ceux qu’il rencontre. Heureux homme qui du lait ne goûte que le beurre et de la plante ne voit que la fleur.

 

 

 

 

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24 Aout

Je suis ce soir à Chernishevsk, charmante petite bourgade sur la route de Vladivostok (je plaisante, c’est un peu la zone ici!). J’en profite pour répondre à quelques questions sur mon voyage.

Hébergement

Je vais à l’hôtel. J’ai prévu de quoi bivouaquer mais je ne m’en suis pas servi encore.
Ici on trouve des hôtels à tous les prix, de la chambre en dortoir à 7 euros la nuit au 4 étoiles en centre ville pour 35 euros. Je ne parle pas de Moscou ou de Saint-Petersbourg qui sont au même prix qu’en France. Perso, j’utilise Booking.com et je réserve deux ou 3 jours en avance. Depuis Irkoutsk, il n’y a presque plus d’hôtel sur booking.com donc il faut faire à l’ancienne en faisant appeler un ami russe ou à la réception de l’hôtel précédent. Pour manger, quand je roule, je prends le petit dej à l’hôtel. Il est en général copieux même dans les hôtels bon marché. Je zappe le déjeuner et je me trouve un resto pour dîner ou je me prépare un casse-croûte dans ma chambre selon le lieu et l’humeur. On peut manger à tous les prix de 4 à 20 euros (plus à Moscou). J’essaie toujours de me renseigner sur les spécialités locales pour les goûter et plus si affinités mais je n’ai jamais eu honte de me faire une pizza ou des frites en Chine ou en Iran.

Passepartout

En préambule, je suis loin d’avoir l’expérience de la plus part des Uralistes qui fréquentent ce site. Je ne suis pas non plus un as de la mécanique. Donc ne voyez dans ce qui suit ni des conseils, ni des vérités à prendre sans nuance. Pour les conseils, nous avons un certain nombre de personnes qui sont nos références et qui méritent de l’être. C’est vers elles qu’il faut se tourner.
Donc a prendre come un témoignage uniquement
Passepartout est un Sportsman EFI kehin acheté neuf en août 2019. Il avait 5000 km quand je suis parti en juin 2020. Il en a 18000 au moment où j’écris ces lignes.
Je roule plutôt cool pour nous ménager tous les deux. 70 à 80 km/h selon l’état de la route et la température. Je consomme 5,7 litres au cent. Je mets ce que je trouve sur la route: 98, 95, 92. A ce jour, je n’ai jamais eu besoin de rajouter de l’huile entre les vidanges. Je me suis aperçu que les concess locaux ne changeaient jamais les rondelles des bouchons de vidange ce qui entraînait de petites fuites. J’ai un stock avec moi et je leur donne si nécessaire.
Pour l’entretien je suis les recommandations de Dan pour les huiles et le graissage mais tous les 4000 km au lieu de 3000(il va m’engueuler!).
Pour les pièces d’usure, le plus chaud c’est les plaquettes de frein arrière. Suivant le profile de la route et le style de conduite, on peut passer de 4000 à 8000 km. Puis le pneu arrière. Les miens sont des Heidenau. Ils tiennent 10,000 km. J’ai aussi mis un filtre à air lavable K&N.
J’ai monté un petit thermomètre de culasse et je m’en félicite tous les jours. J’adapte ma conduite pour ne pas dépasser le seuil qui déclenche l’alerte de l’ECU.

La route

Je commence par tracer un itinéraire macro avec les principales choses ou endroits que je veux absolument visiter (Le Baïkal, Irbit, Saint-Petersbourg, Berlin, etc. ).
Je trace en suite l’itinéraire détaillé sur Google map au fur et à mesure mesure pour prendre en compte les conseils des uns et des autres sur la route. Je ne fait ça que pour quelques jours. Au départ, je m’étais fixé un maximum de 300 km par jour mais si c’est bien en France, ici, ça n’a pas de sens. Les distances sont beaucoup trop grandes. Donc en pratique je fais des étapes qui varient entre 300 et 650 km. Si je prépare cela sur Google, j’utilise un GPS Garmin pour la route que je paramètre le soir pour le lendemain.
Dans le cas de ce voyage, c’est assez simple car il n’y a quasiment qu’une route de Moscou à Vladivostok. En Europe, il y avait beaucoup plus de choix et je ne sélectionnais que les petites routes genre départementale.
Enfin, je ne pratique la piste que si c’est absolument nécessaire pour aller où je veux.

Voilà, j’espère avoir répondu aux questions. Si j’ai oublié quelque chose, n’hésitez pas à me le demander.

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Chernishevsk, les Kafés

Petite étape aujourd’hui (300km). La route est en très bon état et particulièrement agréable. On commence par grimper dans les montagnes et le passage de plusieurs cols se fera la tête dans les nuages. Gouttelettes sur la visière et humidité qui s’infiltre sous le blouson. Passepartout adore, c’est un refroidissement liquide improvisé. Nous traversons la taïga avant de redescendre vers des steppes vallonnées. Il y a de moins en moins de traces des hommes au fur et à mesure que nous avançons. Quelques petits bourgs de maison en bois sombre organisés autour de ruelles en terre de ci de là. Et puis les stations services et surtout les cafés (Kafés) de plus en plus espacés mais heureusement présents.

C’est eux qui rythment la vie du peuple de la route et donc la mienne en ce moment. Laisser moi vous en parler. D’abord cela commence avec une furieuse envie de s’arrêter. Faim, soif, mal aux fesses ou tout simplement fatigue. On guette le petit panneau bleu avec les couverts stylisés. Ça y est, c’est là. On sort de la route sur une courte piste de terre plus ou moins défoncée jusqu’à un immense parking prévu pour un bon nombre de camions en terre lui aussi.

Autour du parking on a le bâtiment principal (le kafé), des bâtiments annexes à la destination mal définie, les toilettes au fond du jardin dont la visite vous coupe l’envie irrépressible que vous aviez pourtant en vous arrêtant, un espèce de pont pour l’entretien des véhicules (je suppose) et un poteau électrique qui amène la civilisation. Dans le café lui même, un petit comptoir pour commander votre repas et/ou vos boissons et des tables avec souvent de la toile cirée. C’est de l’efficace et du pas cher. Les menus sont en russe et personne ne parle anglais. Il m’arrive souvent de commander n’importe quoi vu que je n’y comprends rien. Une autre forme de roulette russe bien plus ludique.

Le petit peuple de la route qui s’arrête ici est un melting-pot de gens différents. Les routiers qui vivent dans leur camion et mettent un long moment à sortir de leur maison roulante pour venir s’attabler en silence les yeux rivés sur leur assiette seul ou à plusieurs, les mini-bus qui se garent vite à côté des fameuses toilettes en déversant leur flot de passagers qui se ruent sur les dites toilettes visiblement pas troublés par le lieu. Les gars du coin qui sont 3 ou 4 et parlent fort en buvant leur thé pendent des heures vu qu’ils n’ont rien d’autre à faire (si il y avait du travail pour tout le monde en Sibérie cela se saurait). Les familles de touristes voyageurs avec leurs enfants qui courent partout en criant. Eux filent d’abord au comptoir pour une commande compliquée avant de déjeuner joyeusement. Quand j’arrive ici, cela trouble un peu ce manège bien rodé. Les routiers me regardent discrètement, les gars du coin viennent engager la conversation et photographier Passepartout, le père de famille vient me poser des questions que je ne comprends pas. C’est devenu mon quotidien depuis quelques jours et c’est très bien (à part les toilettes).

Arrivé à Chernishevsk, je commence par remplacer les plaquettes du frein arrière et je m’y prends comme un chef. En 20 minutes c’est torché. Dire que j’avais fait un vrai carnage en Allemagne m’obligeant à appeler au secours! Je progresse, c’est bien. Ensuite, je sacrifie à mon tour de l’endroit à pied. C’est un bourg de 1300 habitants créé à partir du village des ouvriers qui ont construit la voie de chemin de fer. Une superbe locomotive en est d’ailleurs le plus beau monument. Je rentre vite à l’hôtel, il y a peu à voir, on est loin de l’enchantement des grandes villes récemment traversées et j’ai du sommeil à rattraper. En cheminant, je me demande quelle aurait été ma vie si j’étais né et si j’avais grandi à Chernishevsk.

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2 commentaires sur « Corona Tour en sidecar Ural (EP 3) »

  1. Le Baïkal, pour les Uralistes c’est un peu comme le Tourist Trophy pour les motards, un endroit où on rêve d’aller un jour.

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