Ural Roikka 2021 – Rassemblement Ural en Finlande

08 juil. 2021 C’est parti !

C’est parti ! Ou plutôt c’est reparti. Passepartout a des fourmis dans les pneus et il me souffle qu’il faut reprendre la route, même un petit peu, voir d’autres horizons faire de nouvelles rencontres. Et l’occasion va se présenter. Sous la forme d’un rassemblement de side-car Ural en Finlande. Une bonne occasion de prendre la route et de rencontrer d’autres inconditionnels de cette fabuleuse machine. Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas pousser jusqu’au Cap Nord.

J’ai toujours été fasciné par les fins de route, ces endroits magiques où l’asphalte s’abîme dans la l’océan: Santa Monica au bout de la route 66, Vladivostok au bout de la transsibérienne, et le Cap Nord au bout de la route de L’Atlantique. On arrive là et il n’y a plus d’autres solutions que de faire demi-tour. Peut-être que pour moi, un tour du monde n’est qu’une façon de vaincre cette malédiction du demi-tour. A voir… Il est temps de partir.

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L’itinéraire

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Le départ

Hâte de partir ou affection toute particulière pour les départs à l’aube, à 5h30 je suis sur ma machine. Il fait encore nuit mais le temps de passer le coin de la rue et l’aurore aux doigts de fée chère à Homer fait déjà son show.

La route se passera sans tracas. Arrivé à Namur, comme de coutume, je prends mes quartiers avant de me lancer à l’assaut de la ville. Namur se situe au confluent de la Sambre et de la Meuse. L’existence d’un piton rocheux sur ce confluent va donner dès l’Antiquité, un rôle stratégique à la ville. Du Moyen Âge à nos jours, tout un tas de militaires et d’architectes (y compris Vauban) vont bâtir et rebâtir, des châteaux et autres murailles. C’est aujourd’hui une imposante citadelle qui forme le centre de la ville. Ville qui est, avec ses 110000 habitants, la capitale de la Wallonie. Je visiterai la Citadelle, l’église Saint Loup, le cathédrale et le beffroi classé. Mais ce qui va me marquer c’est la joyeuse animation d’une foule qui à envahie la multitude de terrasses nées de l’été du Covid. Pas de masque, des trognes, un rire facile. Belle Belgique ! Parti de Namur, je sors de Belgique. Je traverse rapidement la Hollande sans m’en rendre compte et je suis en Allemagne avant midi. Ici, pas de poste frontière, pas de douane, pas de police. Si Schengen a un cœur, il se trouve là au centre du Benelux.

Je m’arrête à Wesel pour manger. J’en profite pour visiter une citadelle construite entre le 17e et le 18e siècle. La visite est intéressante mais contrairement à ce que le nom de la ville pourrait laisser croire, il n’y a pas de quoi en faire un plat.

 

 

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09 juil. 2021, 22:12

Je suis déjà en Allemagne à Rheine. Depuis mon départ, je roule sous un ciel gris qui refuse toujours son eau à la terre. Mais arrivé en Finlande je lirais dans les journaux que d’incroyables inondations ont faits de nombreuses victimes quelques jours après mon passage, c’est une bien triste affaire pour nos amis.

La route se poursuit et je devrai aussi m’occuper d’un contacteur de clignotant qui fait des siennes et du frein de parking. Passepartout se rappelle à moi en douceur.

 

 

 

 

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12 juil. 2021

Aujourd’hui, longue journée mais pas vraiment intense. Ce matin c’est grasse matinée départ vers 10h30 pour un tout petit 150 km. Le temps a fini par virer au beau fixe avec toutes ses promesses de vacances estivales. Tout va bien mais j’ai quand même mis le feu à une de mes chaussettes en essayant vainement de la sécher avec un sèche-cheveux. J’ai aussi enfin trouvé un allemand pour discuter sur un parking des grandeurs et des caprices de passepartout. À part ça, pas grand-chose à dire sur la route qui me mène à Travemunde sinon qu’elle a renoué avec une densité urbaine propre à multiplier les feux et les zones à 30km/h. Vivement que nous retrouvions les longue routes perdues en forêt avec l’odeur des pins et de l’herbe fraiche.

Arrivé enfin à Travemunde pour prendre le ferry, il faut surtout faire preuve de patience. Le bateau part à 2H du mat le lendemain mais on enregistre à 22H et on embarque à 23:30. C’est un ballet bien rodé, tout se passe en souplesse et arrivé à bord, bonne surprise, les cabines sont prêtes et le bar est ouvert.

Enfin je respire le bon air de la baltique sur le pont. J’avoue, j’ai mis quatre jours pour arriver à Travemunde et franchement ce n’était pas nécessaire. J’ai la sensation que le vrai voyage ne commence que maintenant dans ce bateau face à la mer. La traversée va durer un peu plus de trente heures.

Je me réveille en mer au milieu de nul part. Étrange sensation que cette parenthèse de croisiériste. Le bateau est grand, le temps magnifique et il n’y a quasiment pas de houle. Le navire ne semble pas plein mais il y a beaucoup de touristes. Rien à voir avec l’année dernière. J’entends parler allemand, russe et même français. Livré à l’inactivité et la contemplation, tout ce petit monde se partage mollement entre le pont, le bar et le restaurant. Ah le restaurant! C’est la grande affaire dans cette totale inactivité. On attend l’heure des repas et on file présenter son ticket au cerbère de la porte. Un monde d’inégalité se reconstruit ici avec les tables réservées près des larges baies vitrées et les banquettes en retrait pour le lumpenprolétariat. Ensuite on va digérer sur le pont. La brise est tiède et l’infime trépidation du sol accompagner du ronronnement omniprésent des machines vous hypnotise. C’est un moment de grâce qui se prépare avec le coucher du soleil et l’entrée en majesté du rouge dans tout ce bleu. Je ne sais pas si l’ennui ne finirait pas par distiller son venin au bout de quelques jours, mais là, pour une journée, c’est le paradis.

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14 juil. 2021

Le ferry arrive à 9H dans le port d’Helsinki. Il est temps, tous nous allons vers les ponts où sont stationnés les véhicules. Passepartout bien arrimé par mes soins n’a pas bougé. Au moment de débarquer, fou rire général. Un type se pointe en dernier et met une plombe pour brêler sa BMW bloquant tout le bateau. Rien ne semble le stresser, il prend tout son temps malgré les remarques courtoises de l’équipage. Alors on en rigole de bon cœur.

Encore une petite formalité avant de sortir du port, la police et les douanes vérifient nos certificats de vaccination. Je tape la discute avec un jeune flic qui s’intéresse à Passepartout. Je vais faire encore plein de rencontre de parking.

Il est tôt, du coup je choisi une petite escapade à Porvoo, un village médiéval à 50km d’Helsinki avec ses rues bordées de maisons en bois multicolores et sa cathédrale. La ville n’est pas grande et je suis de retour à Helsinki en milieu d’après-midi.

Je ressors boire une bière et je tombe sur Gladys une antillaise du 93 installée en Finlande. Elle est serveuse au bar où je me suis installé. Elle est vive et sympathique, on discute longuement à peine dérangé par les quelques clients qui viennent se désaltérer. Elle me donne des conseils pour mon séjour ici (je repars seulement dans 2 jours) et me parle aussi du racisme qui semble très répandu en Scandinavie.

Je prends le temps de visiter Helsinki pendent deux jours. La canicule s’est installée, il fait 30 degrés et un ciel bleu sans nuages. La ville a été fondée au 16eme siècle mais jusqu’au début du 19eme et de l’occupation russe ce n’est qu’un gros bourg. Autant dire que son architecture est surtout marquée par le néo classicisme du 19ème et les style art nouveau et moderne qui ont suivi. Le tout assez mélangé. Seules les grandes artères très aérées et l’omniprésence de l’eau lui donne cette identité particulière. Il y a ici un calme provincial et une décontraction toute nordique.

 

 

Je choisi d’abord la Biennale d’Helsinki. Il s’agit d’une grande expo d’art contemporain à ciel ouvert sur l’une des 330 îles qui font partie de la ville. Le jour suivant c’est le musée d’histoire puis l’ile de Suomenlinna. On y arrive en bateau après 20 minutes de traversée. C’était une place forte construite au milieu du 18ème siècle par les suédois avec l’or des français. Il s’agissait de fermer la Baltique aux russes qui venait de construire Saint-Petersbourg. Pas de bol, la place forte en question se rendra à un bataillon de russes inférieur en nombre sans combattre. Cette déculottée livrera la Finlande à la Russie pour 100 ans. Inutile de dire que toutes l’île n’est qu’un vaste réseau de forteresses, casernes et casemates en tout genre. Occupée par l’armée jusqu’en 1973, Suomenlinna sera finalement cédée au ministère de la culture qui la convertira en site touristique. Depuis, une foule très familiale de finlandais vient passer ses journées ici. Promenades, musées, pique-niques, cafés et baignades ravissent petit et grands. C’est bon de venir ici voir un échantillon de finnois de la grand-mère avec toute sa descendance aux couples de jeunes néo-punks couverts de tatouages se balader en harmonie sur les sentiers sablonneux. Une impression de bien-être se dégage de l’endroit.

Je quitte finalement Helsinki pour rejoindre le rassemblement Ural Finlande. Au fur et à mesure que je m’approche du rassemblement (Roikka) les routes se font plus bucoliques. Je retrouve le plaisir de conduire en pleine nature. Le temps est de la fête et le soleil se rit de notre ronronnant équipage.

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17 juil. 2021 Roikka

L’arrivée au camping va bouleverser ce rythme paisible. Gilles, Jean-Luc et Sylvie sont déjà là, bien installés. Ils ont sympathisé avec des bikers finlandais. Le camping est plein de sidecars Ural pour la plupart assez anciens et bien trafiqués. Je rencontre d’ailleurs le seul concessionnaire Ural de Finlande qui me dit exercer à temps partiel et avoir un autre job pour vivre. Il ne vend qu’une machine par an!

Comme promis nous nous lançons dans une opération de relations publiques pour Ural France et son futur rassemblement de septembre. On distribue flyers et stickers. Je cherche à retrouver les types que Gérard (Zorgol) m’a recommandés. Je retrouve Karppi suivi de Tarmo puis Raine Kokko et nous rencontrons aussi Pasi qui a remplacer le moteur de don Ural par un moteur de voiture tchèque ZAZ et Heikki, ancien routier qui a sillonné la Russie et le Kazakstan. On boit de la bière puis du pastis puis des alcools improbables offerts par nos amis finlandais qui semblent particulièrement résistant à l’eau de feu! La soirée sera un vrai challenge pour le foie et une vraie fête pour le cœur.

Le jour suivant, après les libations de la veille, le réveil est beaucoup moins glorieux. Un troupeau de bisons galope sous mon scalp et j’ai la bouche sèche et pâteuse qui caractérise les lendemains d’un grand soir. Heureusement un solide petit déjeuner finlandais va renvoyer tous mes organes à leur place. Les festivités débutent à 10H par un meeting Ural en plein air et en finnois. Si le plein air est béni par un ciel toujours aussi bleu le finnois, auquel nous sommes totalement hermétiques, nous condamne à rebrousser chemin.

Puis vient la parade. Une centaine de sidecar partent en file indienne pour le village le plus proche (25km) où curieux et passionnés viennent prendre en photos les équipages. Il faut bien dire que certains semblent tout droit sortis d’une BD . C’est parfaitement organisé. Tout le long de la route des bénévoles en veste fluo règle la circulation pour nous. Nous retrouvons nos compagnons de libation de la veille. C’est un bon moment.

De retour au camping, les choses vont s’enchaîner pour notre plus grand bonheur. Tout commence avec un container à verre que nous cherchons pour sacrifier aux vertus du recyclage. Je tombe sur Tarmo qui après avoir réglé notre problème nous entraine près de la plage où se trouve un étang à truites saumonées. Là, un ami à lui est en train de fumer des truites. Quand nous arrivons elles sont prêtes. Sincèrement je crois n’avoir jamais mangé un aussi bon poisson. La chair en est fondante et gouteuse et toutes les arômes des bois patiemment sélectionnés et découpés en fine lamelles pour la combustion se révèlent dans chaque bouchée. Nous avons droit en prime à un exposé sur les différents modes de préparation traditionnels du poisson en Finlande; fumage à chaud comme ici ou à froid, saumure etc..

Un vrai bon moment ancré dans la culture de ces gens. Après le déjeuner et la sieste, c’est une autre expérience locale qui nous attend: le sauna finlandais!

Ça commence par une invitation que je ne saurais refuser puis escorter par un nouvel amis je rejoins le sauna des hommes. Ici tout le monde se déshabille complètement et vient transpirer en devisant de tout et de rien puis se douche, plonge dans le lac et recommence jusqu’à refus. On ressort totalement détendu et je me plais à penser que c’est peut-être cette tradition qui les rend aussi calme en journée.

Je remercie cet événement qui nous a permis d’approcher un peu ce style de vie assez loin du notre.

Ce samedi va se terminer sur une remise de coupes. Jean-Luc, Sylvie et Gilles qui sont les étrangers venu du lieu le plus éloigné se verront récompensés. Une charmante attention.

Puis un concert entre rock et folk par un groupe local et des finlandais repartis pour une soirée très « dynamique ». Nous rasons les murs pour éviter de rejouer la soirée d’hier. Demain nous partirons de bonne heure. Mes amis de la Loire vers l’ouest et moi plein est. La météo annonce un orage. Nous devons nous retrouver au Cap Nord.

 

 

 

 

Pour ceux qui souhaitent plus de détails sur ce voyage, rendez-vous sur polarsteps : https://www.polarsteps.com/JeanLouisSouchiere/4086617-cap-nord-en-sidecar-ural

 

> Retrouve les autres aventures de Jean Louis et Passepartout : Corona Tour

2 commentaires sur « Ural Roikka 2021 – Rassemblement Ural en Finlande »

  1. super reportage, de l Histoire et des histoires, tout pour rendre un recit agreable.
    a lire sans moderation contrairement a l Arquebuse et au bizarre de nos chers Tontons ;

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