Comparatif entre sidecars URAL et CHANG-JIANG

Un article paru dans Moto-Magazine nous dresse un comparatif certes limité à une vision journalistique mais néanmoins intéressante

Il aura le mérite de répondre à quelques questions que nous nous posons tous. L’article paru dans l’édition de mars 2020 est un comparatif entre le Chang-Jiang Pekin Express Adventure au prix annoncé de 12 200 € et le Ural T TWD au prix annoncé de 16 310 €. Si vous voulez lire l’article complet, il vous faudra acheter la revue et lire l’article de Axel Mellerin.
Photos de Gregory Mathieu et tests des machines par Charles et Thierry Diller.

Le ton est donné d’entrée : “De Tintin à Indiana Jones… les héros roulent en side-car !” Cet entête figurant sur le site d’un célèbre constructeur français de sides-car classiques est on ne peut plus vrai ! Enfourcher ce drôle d’engin, qui plus est empreint de la tendance néorétro en vogue, vous transforme sur le champ en aventurier des temps modernes ! Le déplacement prend une tout autre dimension, que nous allons essayer de vous faire partager à travers cette “aventure” vosgienne à bord de deux sides pour le moins exotiques !

EQUIPEMENTS Chang-Jiang Pekin Express (version de base)

  • Freinage combiné sur les 3 roues
  • Roue de secours
  • Couvre tonneau
  • Poignées chauffantes
  • Suspensions AV/AR KAYABA
  • Prise USB
  • Eclairage tout LEDS

EQUIPEMENTS Ural T TWD (version de base)

  • Fourche à balancier
  • Roue motrice sur le panier (déconnectable)
  • Marche arrière
  • Kick de démarrage

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Embarquement immédiat

Plus alerte que l’Ural sur route, non seulement le Chang-Jiang vire plus à plat, mais il freine mieux et se montre aussi plus dynamique niveau moteur. Pour un usage essentiellement routier, c’est lui qu’il faut choisir !

Le freinage couplé, c’est vraiment bien sur la route ! Mais if fonctionne seulement au pied, la commande à la main est classique (freinage avant seulement). Conséquence: on utilise exclusivement la pédale, pour un freinage stable et en ligne.

 

De série, suffisamment rare et véritable atout, le Pekin Express dispose d’une roue de secours, qui se monte indifféremment sur les trois roues. Voilà une excellente idée, et une précaution salutaire lors de longs voyages en terres inconnues.

 

Le point noir du Chang-Jiang est sa garde au sol, fortement limitée par la position des échappements «saucisson ». Au moindre passage dans un trou, ça frotte sévère. Nous n’avons pas mis longtemps à abîmer le silencieux… dommage!

Ah, le monde du side-car.… Un univers assez discret, pour ne pas dire presque inconnu du grand public motard, qui, pourtant, jouit d’une dynamique sans faille! Pour peu que l’on s’intéresse à ce monde «avec une roue de trop», on se rend vite compte que ça bouge. Concentrations, hivernales, balades «classiques», grand tourisme rapide, on y trouve les mêmes facettes qu’en deux-roues, et les pratiquants sont encore plus passionnés que ceux à qui «il manque Une roue ».

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Exotisme garanti

À la rédaction, c’est le side-car à l’ancienne que l’on apprécie le plus, celui que nous avons découvert dans les BD et autres films de notre enfance. Tintin fonçant plein badin à la poursuite des «méchants», les livreurs de presse parisiens sortant de l’Aurore ou du Figaro avec leur «Précision» chargés à ras le panier, et, plus proche de nous, Indiana Jones et son père tentant d’échapper aux nazis dans / Dernière croisade! Bref, le side-car, ce n’est pas pour faire le beau devant les cafés parisiens, mais pour vivre l’aventure avec un grand «A»!

En foi de quoi, on s’est fait notre petit film, et on est partis en plein hiver direction les Vosges pour une boucle en Lorraine avec deux engins vraiment singuliers: un Ural T TWD d’origine russe
et un Chang-Jiang Pekin Express d’origine chinoise. On vous le dit, pour nous, l’aventure est déjà en marche.

L’Ural, c’est un voyage dans le temps, un bouzin tout droit sorti des années 50, avec un style unique, des choix techniques du siècle dernier, assemblé comme un char de la guerre froide, et qui se fout éperdument de la modernité! Là, on n’est pas dans le néorétro, mais dans le rétro tout court! Malgré tout, il dégage quelque chose de fort, un parfum d’évasion, et rien qu’à le regarder, on est déjà sur une piste entre Irkoutsk et Oulan Bator!

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Nous nous calons à vitesse légale, idéale pour profiter de ces sides à l’ancienne…

C’est (presque) pareil avec le Chang-Jiang Pekin Express, mais ce dernier ne fait pas illusion longtemps. Là, c’est bien du néorétro qui nous est servi. Sous ces airs d’engin de «l’armée populaire de libération » se cache une machine moderne sous bien des aspects. Moteur, suspensions, équipements, technologie, c’est du «tout neuf», mon bon monsieur!

Prudent, je monte sur le Chang-Jiang pour mes premiers tours de (3) roues. La position est comme sur une moto, avec un guidon plutôt large et des repose-pieds un peu en avant. La selle mono montée sur ressorts est toute plate, mais je trouve pour me caler.… la boucle qui fait office de poignée passager! Ce n’est pas très orthodoxe, mais bien commode! Thierry, notre boss, grand amateur de side-car devant l’éternel, se «pose» sur l’Ural, et ne peste même pas contre le guidon étroit et très en arrière.

Exfiltrons-nous vite de la ville, un side-car n’étant pas, par conception, franchement conçu pour se faufiler entre les voitures. On constate toutefois que le chinois n’est pas très contraignant. Moteur et transmission plutôt doux, chaleur mesurée du moteur et, surtout, son guidon large qui offre un bon bras de levier pour braquer. Seul un rayon de braquage trop important enlève un peu de maniabilité à l’engin. Sur l’Ural, la ville s’’aborde avec un peu plus de tension. Plus volumineux, plus pataud
et doté d’un guidon court qui nécessite un effort certain. Moins instinctif que le Chang-Jiang, son moteur est aussi plus rugueux, sans parler de sa boîte de vitesses d’un autre temps. Un bon point quand même: la marche arrière de série, bien pratique lors de manœuvres (stationnement, demi-tours).

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Séance de gym

Heureusement, la route se dégage. Thierry et moi nous calons sur un 80 km/h, la vitesse idéale de nos sides. Néophyte, je découvre les subtilités de conduite, assez particulières. Explications: quand
tu roules droit à vitesse stabilisée, l’engin veut toujours aller sur la droite; quand tu accélères, le phénomène s’amplifie; et quand tu décélères ou que tu freines, il part sur la gauche! Pour faire simple, un attelage ne roule jamais en phase «neutre»!
Sans compter qu’il est impératif de se servir sans cesse de son corps pour déplacer à son avantage le centre de gravité du side. Et si le singe fait de même, c’est encore mieux!
À l’usage, je me sens plus à l’aise sur le Chang-Jiang. Plus facile sur la route, plus nerveux et dynamique, il vire à plat, accélère franchement avec ses 71 chevaux et son freinage couplé sur les trois roues s’avère un précieux atout en termes de stabilité.

«Si, si, regardez bien, le side-car Ural a quelque chose du char M4 Sherman, non ?
– Ouais… un peu, surtout sa capacité à passer partout!
– En tout cas, if y avait sûrement des sides lors de l’historique bataille d’Arracourt
lors de la campagne de Lorraine, du 18 au 29 septembre 1944, où ce blindé s’est illustré!»

L’Ural, lui, navigue dans son propre espace-temps! Le moteur d’abord, un flat-twin «carré» (course égale à l’alésage), culbuté à l’ancienne, penche plus du côté agricole que des paddocks de circuit! Avec lui, c’est roulage sur le couple, en profitant de sa souplesse entre 3 500 et 5 000 tr/min sur le dernier rapport. Justement, parlons-en des rapports… La boîte de vitesses à la soviétique est du genre rugueuse, lente, bruyante, et personne ne peut ignorer le crabotage des pignons! Même en décomposant le passage les rapports avec douceur, ça craque sévère dans le carter. Et côté tenue de route, c’est aussi daté que le reste. À chaque changement de cap, l’Ural se balance sur ses suspensions souples, et la gite s’accentue en fonction de votre vitesse et du rayon du virage.

Certes, c’est amusant, mais à la longue, juste fatigant! Quant au freinage, il n’est pas couplé, ce qui ajoute de la tension lors de freinages un peu appuyés, le dosage avant/arrière devenant essentiel à la
stabilité. Sinon, quel charme! Franchement, l’’Ural, baroque et original, est une vraie machine à sensations, une sorte de capsule temporelle unique en son genre!

A noter, rouler longtemps en side-car exige une certaine condition (et préparation) physique… Au fil des kilomètres, débarquent courbatures, contractions musculaires et autres petites
douleurs, surtout au niveau des avant-bras, du cou et du dos. Et l’Ural, à ce jeu-là, est manifestement le plus harassant.

Sur la route, l’Ural cède le pas au Chang-Jiang.…. Sa conception « à l’ancienne » est plus marquée. Il se dandine sur ses suspensions, accélère moins fort et demande un plus gros effort au guidon pour «tenir» sa ligne. Maïs, en fait, ses choix techniques font partie de son «charme »…

 

Cette double palette au pied droit commande la marche arrière de l’Ural. Cette fonction est vraiment utile pour les manœuvres et pour se sortir d’un bourbier (expérience vécue!) C’est le principal atout de l’Ural,tout comme ses deux roues motrices.

 

Comment ajouter du confort pour le passager ? Simple, vous montez le panier sur de gros boudins en caoutchouc! Ce n’est pas très «technique », mais super efficace, surtout en TT!
Pourquoi faire compliqué ?

 

Le guidon de l’Ural est mal fichu… Pas assez large (faible bras de levier lors des manœuvres), et placé trop en arrière et trop bas pour les grands. Au fil des kilomètres, if finit par fatiguer et le dos et les bras.
À changer si vous roulez beaucoup, et plus encore si vous débutez le side-car.

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En Tout-Terrain

Fred, le tôlier de Firstracer qui a mis à notre disposition l’Ural m’a lancé :

«l’Ural est une bête en tout-terrain, un véritable char soviétique, qui se joue de tout ! N’hésite pas à faire du tout chemin avec, tu vas être Surpris. »

Alors moi, joueur, je suis allé patauger dans les bourbiers de Lorraine, et je l’avoue, j’ai pris un “pied” fou ! C’est vrai, l’Ural est un engin de franchissement, et encore plus quand on passe en mode deux-roues motrices… Entre Sa garde au sol respectable, ses pneus au profil TT accrocheurs, et le couple de diesel de son placid Twin, on franchit les obstacles, à la manière d’un bon vieux Land Rover! De plus, le fait de pouvoir freiner indépendamment l’avant de l’arrière est ici, un atout pour recentrer le side dans une descente boueuse, par exemple. Même la marche arrière joue pour vous, quand il s’agit de se sortir d’un bourbier vaseux… C’est clair, l’Ural se dévoile à fond en tout terrain au point même d’envisager le voyage qu’a travers les chemins de traverse!
Et pourquoi pas une trace du “TET” ? Mais pour ce faire, Thierry ne pourra pas m’accompagner avec le Chang-Jiang. Faute à une garde au sol trop réduite et a des échappements rasant le sol, le side chinois est fort mal à l’aise hors bitume. De plus, le rapport couple moteur/poids (365kg annoncé) ne l’avantage pas. Si pour vous le side-car est synonyme d’évasion à travers la pampa, l’Ural vous est tout destiné.

L’Ural passe partout, se couvre de terre, se raye, se noie dans la boue, et continue à rouler, rouler, rouler…

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Le verdict

Nous voulions l’aventure. Nous voilà servis. Très différents, ces side-cars nous ont offert une expérience unique, et addictive ! Le Chang-Jiang est plus facile, moins déroutant pour un débutant et transpire la modernité sous des atours «old school». À l’opposé, l’Ural est une machine d’initiés, plus singulière, plus physique, exigeant une attention de tous les instants, mais au spectre d’utilisation plus large (lire l’encadré TT). Reste les tarifs: 12 200 € pour le Pekin Express et 16 310 € pour l’Ural T TWD (hors options choisies).
Mais vu le plaisir procuré et, comparé au prix des motos «Adventure » actuelles, faire le choix du side-car n’est pas – finalement – si délirant.

5 commentaires sur « Comparatif entre sidecars URAL et CHANG-JIANG »

  1. Il est agréable de lire un essai objectif et qu’Ural France publie l’essai sans le démonté est preuve d’un grand fair-play.
    Perso les deux machines on leurs charmes, leurs avantages et comme nul n’est parfait leurs inconvénients.

  2. je me suis offert un SIDE car et après beaucoup de réflexion mon choix et la chang jiang le pourquoi déjà le refroidissement par eau le moteur plus puissant et technologie avance j’ai eu un ural son plus et le cote viellos je ne pratique plus de tous terrain en side trop physique et peu d’interet je prefere voyage et culture
    l’Ural a encore de l’amelioration a faire au niveau qualite pour le prix aussi
    a plus

  3. Bonjour
    J’ai un side chang jiang qui a 20ans et qui n’a pas roulé depuis longtemps
    Je cherche pour le moment sans succés quelqu’un qui voudrait bien le remettre en etat de rouler…
    J’ai fait tous les garages sensés s’occuper de vieilles motos, BM , ural….personne ne veut la prendre en charge…
    Auriez vous une adresse? Eventuellement un particulier passionné….

    1. Bonjour,
      Pour ce genre de question vous devriez vous inscrire sur notre forum : https://forum.ural-france.com/ ou vous aurez plus de chance d’avoir des réponses.
      Le forum est conçu pour ce cela, vous pourrez présenter votre machine et expliquer dans quel région vous êtes.

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