Notre avis après 11 000 km à rouler en side-car Ural – Uralistan

Un Ural, est-ce fiable ?

Les rumeurs au sujet du trois-pattes soviétiques vont bon train.  « Ça casse tout le temps », « les aciers utilisés sont pourris », etc… Tissu de mensonges ou triste réalité ? Il nous semblait pertinent de clarifier tout ça. Nous voilà donc, après avoir parcouru 11 000 bornes au guidon de notre Ural Ranger de 2011. Dans cet article, nous évoquerons objectivement les soucis que nous avons rencontrés, mais aussi tous les à-côtés qui font la magie de ce véhicule de légende. Bonne lecture !

 

Laissez-nous vous présenter notre side-car.

Gobi est un Ural Ranger de 2011 que nous avons acheté il y a un an avec 16 000 km au compteur. Il affiche maintenant fièrement ses 27000 km après un an d’utilisation. Quel usage en avons-nous fait ? Quasiment toujours en duo et bien chargés, majoritairement sur route mais avec des périples tout-terrain réguliers.

 

Ruralistan tour
Ruralistan tour ©Uralistan

 

C’est l’histoire d’une première sortie mémorable.

Pourquoi mémorable ? Parce qu’elle aura duré 5 minutes. Après cela, l’embrayage a commencé à devenir flou, puis il est resté en position embrayé, pour finalement laisser échapper une jolie fumée jaunâtre à l’odeur si caractéristique. Tous ceux qui auront fait fumer des disques d’embrayage verront de quoi je parle. Alors, qu’est ce qu’il s’est passé ? Et bien, notre petit Gobi nous a attendus sagement dans un garage le temps que l’on revienne du Laos. 5 mois durant lesquels il n’a pas tourné du tout. Résultat, le joint spi de vilebrequin a séché. Ayant perdu son étanchéité, l’huile moteur est passée dans l’embrayage. Les disques garnis se sont imbibés et lorsqu’il a fallu faire leur travail, ils se sont désintégrés.

Cette mésaventure n’est pas spécifique à la marque Ural. Globalement, les motos sont faites pour rouler et vieillissent plutôt mal lorsqu’elles ne sont pas du tout sollicitées. Mais là, où je trouve l’Ural se distingue, c’est la facilité de réparation. Pourquoi ? Car sans expérience particulière en mécanique, nous avons pu changer notre embrayage nous-mêmes. Et ce pour la modique somme de 150€ de pièces. Serait-ce possible avec une moto moderne, une 1200GS pour ne pas la citer ? J’en doute.

 

Hormis cet événement dû à une inactivité prolongée, quels soucis avons-nous rencontré ?

Qu’est ce qui a cassé ? Et bien, en fait, pas grand-chose. Du moins, rien qui nous ait empêché de rouler. Par contre, il est vrai que nous avons constaté certains défauts que voici :

  • – La rouille. A la base prévu pour la guerre, disons que la peinture de l’Ural n’a pas été pensée pour durer… Notre Gobi prend donc des teintes de Rat Rod içi et là. Ce processus s’accélère évidemment lorsqu’on fait dormir sa belle près de la mer.
  • – La potentielle surchauffe. L’Ural est refroidi par air. L’air en question, c’est celui qui circule autour des cylindres. Lorsque l’on roule, il emporte avec lui de précieuses calories dont le moteur ne veut plus. Que se passe t-il à l’arrêt ? Pas de flot d’air, donc pas de refroidissement. Il faut donc éviter les bouchons par temps chaud. A noter que sur nos 11000 bornes, nous avons dû nous arrêter que 2 ou 3 fois pour laisser le moteur refroidir.
  • – La fatigue. Le trois-pattes soviétique pèse 360 kilos à vide. Ajoutez à cela un pilote qui mange bien, un passager, des bagages, de l’outillage et vous arrivez vite au quintal. Filer droit ne demande pas d’effort particulier, alors que le faire virer de bord nécessite un peu d’engagement. Évidemment rien d’excessif, mais nous ne prévoyons pas des journées de 300 bornes à répétition. Pour info, les modèles plus récents seraient très faciles à faire tourner. Nous vérifierons cette info très prochainement.
  • – L’entretien. Le sidecar Ural est pour nous la monture idéale pour traverser le monde. Il est d’une conception simple, robuste, avec une grosse capacité d’emport de bagage. Cependant, il faut en prendre soin. Un manque de graisse ou de lubrification et c’est le début des soucis.
  • – Le caractère. Nos amis russes ont injecté dans l’Ural un peu d’âme, une once de vie. Il nous ait arriver de subir les caprices de cet esprit sibérien. Certains écrous vont demander un coup de clé de temps en temps, démarrer ce sublime flat va parfois prendre un peu de temps, le faisceau électrique sera capricieux, etc… Rien de pénalisant, mais cela peut surprendre ou gêner.

 

Canal du Sablon, ruralistan tour - Uralistan
Canal du Sablon, France, ruralistan tour ©Uralistan

 

La philosophie Ural ou nomadisme tranquille

Le trois-pattes russe tient plus du tank que de l’avion de chasse. Quel chrono pour le 0 à 100 ? Euh, comment dire… Par contre, on a compris que l’Ural allait partout si on accepte de suivre son rythme. Cela laisse le temps de profiter du paysage, d’admirer les environs, etc… On n’en arrive presque à espérer la surchauffe pour devoir s’arrêter et ainsi déclencher des rencontres.

Rouler en Ural, c’est aussi profiter d’un capital sympathie incroyable. Nous avons constaté que le trois-pattes était un générateur de sourires, de joie et de regards amusés voire admiratifs. La contre-partie ? Il faut accepter de passer du temps à discuter avec les curieux. Il faut d’ailleurs penser à prévoir ce quart d’heure uraliste dans la planification de sa journée.

 

Piste du Trans Euro Trail - Ruralistan tour - Uralistan
Piste du Trans Euro Trail – Ruralistan tour ©Uralistan

 

Une communauté soudée

Une question mécanique ? Besoin d’un retour d’expérience ? Des conseils en préparation d’un voyage ? L’uraliste est toujours prêt à aider son congénère. Aucune compétition ou esprit élitiste, cette communauté de motards voyageurs fait partie du package Ural et c’est un atout incroyable.

Nous avons particulièrement apprécié ce soutien lors de notre première sortie qui s’est soldée par un embrayage fumé. Alors emplis de doutes, certains uralistes nous ont rassurés et convaincus que c’était juste le début d’une belle relation. Et qu’après l’avoir baptisé à la vodka (chose que nous avions oublié), notre petit Gobi nous emmènerait au bout du monde !

 

Atelier mécanique avec des confrères Uralistes, Ruralistan tour - Uralistan
Atelier mécanique avec des confrères Uralistes, Ruralistan tour ©Uralistan

 

Sur un autre plan, nous avons adoré participer à notre première hivernale dans le Cantal, organisée et accompagnée par un illustre Uraliste aux origines russes. Tout le temps de ce week-end, de savoureux conseils nous ont été distillés. Cela nous a permis de pleinement profiter de cette expérience.

 

Minivernale, Hivernale 2021 dans le Cantal - URALISTAN
©Uralistan

 

Quel bilan après cette première année ? Archi-positif. Nous avons découvert que l’Ural est bien plus qu’un véhicule. C’est un état d’esprit avec sa philosophie du voyage tranquille. Mais c’est aussi une communauté soudée de motards passionnés. Et enfin, c’est un déclencheur de rencontres et de sourire. Alors, évidemment, il y a des contreparties, comme l’entretien exigeant, ou la vitesse de pointe limitée, mais le jeu en vaut la chandelle. Est-ce-qu’on sera aussi catégorique après 50 000 bornes ? Restez connectés pour le savoir !

 

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9 commentaires sur « Notre avis après 11 000 km à rouler en side-car Ural – Uralistan »

  1. Comme dirait madame Irma: esprit, esprit es-tu là? Bien sûr c’est un état d’esprit mais franchement ont s’emmerde avec une bécane sans entretien au moulin increvable. Le plaisir de la burette à huile et du quart de tour au tournevis c’est magique.
    Made in Sibérian, franchement ça vaut le coup de l’écrire en gros et bien visible. La petite soviétique se mérite comme autre fois avec les anciennes. Hourra! la URAL.

  2. Bien sûr, ce n’est pas une “béhéme”, ce n’est pas un “Zeus” non plus…on m’a dit: ” c’est juste bon pour aller acheter le pain…”. Ça rouille si on n’y fait pas attention ( et même si on y fait attention). La peinture n’est pas ” first quality “, mais tout le monde l’aime au premier coup d’œil… admiratif:” comment fais-tu pour rouler avec ÇA ?”… j’ai beaucoup pesté, ça va pas droit, vent de face ça rame terrible, ça consomme un peu malgré tout, passage de rapports un peu bûcheron sibérien ( ce que j’en imagine de rudesse)…quelques petites pannes électriques, la clé de contact qui tombe toute seule… Mais on a appris à se connaître , maintenant on se parle en roulant, on a le temps. 80km/heure en vitesse de croisière, ressenti 130. La neige, facile, le froid, on s’en fout, la boue, ça passe…et si tu es pressé, tu doubles ( mais en général avec un petit signe sympa). J’ai d’autres montures, plus rapides,plus sûres, plus fiables, mais le coup de cœur, c’est mon trois pattes russe.

  3. Bonjour, je suis très attiré par un side ural, mais n’étant pas mécano dans l’âme, il y aurait parait-il bien des problèmes et pas forcément à 2000 kms. Dès 2500 kms, il faudrait une révision etc…fiabilité plus que moyenne etc…j’aimerais avoir plusieurs avis de de motard qui roule 12000 mini par an. C’est mon cas. Je suis vraiment attiré par un ural mais j’hésite vraiment. Merci pour vos conseils; Bien cordialement.

    1. Et bien, tu as lu l’article de jérémy et Marion, et peut être les autres à l’issue de leurs premiers 50 000 km en France, et la série actuellement en publication par épisodes sur leur périple à travers l’europe et l’asie centrale.

      Tu peux aussi suivre sur Polarstep les voyages en Ural d’un autre membre de l’association, Jean Louis Souchière (cap nord, puis Montréal -> Alaska -> Chili).

      Ils disent leurs petits et grands soucis, et l’immense plaisir de voyager avec une machine hors du temps.

      Les Ural produits ces dernières années sont treès fiables, mais aucun Ural n’a été conçu pour rouler à 110 pendant une heure. Il faut effectivement savoir ce que peut faire une machine avant d’en acheter une.

      Rouler sur des départementales, avec une révision tous les 5 000 km et un entretien de routine normal, ça un ural peut le faire, et c’est du bonheur !

  4. Le rapport à cet engin est toujours compliqué à comprendre. Nous saisissons tous l’esprit du véhicule qui vous emmène à son rythme. Sa capacité d’emport est indéniable. Sa rusticité est un atout pour le baroud.
    MAIS un joint spi qui sèche en 5 mois n’est pas normal. Ce phénomène ne se fait qu’après plusieurs années sur un autre véhicule. Ensuite, les kilométrages évoqués par les uralistes sont souvent très faibles ce qui laisse un doute ! 18 ans et 38000km… c’est le kilométrage qu’un rouleur effectue en moins de deux ans.

    Il m’arrive d’imaginer des voyages en Ural puis je renonce car les témoignages m’en dissuadent. La confiance que je voue à ma BMW de 66 est plus cartésienne. Elle a effectué des années à 25000km ! Certes, il faut aller chercher les larmiers aux alentours de 70000/80000km. Parti 3 ans a l’étranger, elle n’a roulé que les étés sans me claquer de joint spi.

    Bref… j’aimerais un Ural mais besoin d’y croire pour franchir le pas.

    1. Bonjour Pierre,
      Effectivement il y a quelques d’irrationnel dans cet attachement au 3 pattes :). Ce sont des véhicules qui ont besoin de rouler régulièrement et qui vieillissent mal au fond d’un garage.
      Nous avons beaucoup roulé depuis la rédaction de cet article. 12 mois et 40 000km supplémentaires, nous sommes convaincus que c’est une bête de voyage incroyable 🙂 Certes l’Ural nécessite une maintenance et un entretien assidu mais c’est un moindre mal comparé à tout ce qu’il nous a apporté (et à ce qu’on lui fait subir). C’est un générateur de sourires et de rencontres, avec un capital sympathie incomparable à celui d’une moto. Si cela t’intéresse, nous avons écrit un autre article “bilan” à 50 000km et tu peux retrouver sur ce site le récit de notre voyage France – Géorgie.
      Bonne journée !
      Marion et Jérémy (Uralistan)

  5. J’ai un Oural qui a 18 ans acheté neuf a Saint Remi dans le 13 . 38000 klms ;
    Petit pb changement de roulements du vilo car le bruit de la fin était la…à 35000 klms .
    Sinon que du bonheur , un lapin dans les mauvais chemins , un tracteur avec la roue du
    side en position de marche mais il faut aller tout droit ! Actuellement je cherche une remorque pour transporter mon bois ! Autre petit pb pas de freins avec les vieux tambours
    Avec un Oural conduire c’est prévoir !

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