Sacha emmène Tamata pour un long voyage – EP5

Le voyage peut continuer

18 Avril

C’est fait, les 3 visas demandés à Ankara m’ont été accordés, le Russe, le Kazakh et l’Ouzbek, je peux donc continuer mon voyage. Je n’ai pas obtenu les entrées multiples, notamment pour la Russie, ce qui m’obligera à reformuler une demande de visa pour le Baïkal (et au passage payer 100 dollars US !) J’avais retenu sur mon itinéraire la ville de Tachkent en Ouzbékistan pour les prochaines demandes de visas, ça tombe bien. J’aurais voulu vous les montrer, mes beaux visas, en les scannant par exemple, mais c’est ballot, j’ai oublié mon scanner … hi – hiii … comme dirait votre président.
Je reprends la route demain matin et prochaine étape : la Géorgie où je devrais rencontrer Christian, dit Karma sur le forum Est-Motorcycles.

A cette occasion l’on me demande de faire un bilan. Il encore trop tôt, je n’ai parcouru qu’à peine 1/10 de mon périple et je n’ai pas encore rencontré toutes les conditions de route ou de situation. Par exemple, j’ai 2 jerricans de 10 litres pour réserve d’essence. À ce stade, ma réponse serait qu’il n’est pas utile d’en avoir autant. En effet, dans les 11 pays déjà traversés, il n’y a eu aucun problème pour trouver une station-service. Avec les carburateurs Dellorto, je n’ai plus de réserve. Malgré cela, je n’emporte que 5 litres d’essence dans un des 2 jerricans pour ne pas alourdir inutilement Sacha. Mais j’arrive dans des pays où la donne risque de changer, le ravitaillement en essence va devenir plus compliqué, alors 2 jerricans ne seront probablement pas assez.
Même réponse avec mon PC. Il y avait a priori dans toutes les villes traversés des cafés internet, donc un PC me semblait inutile. Sauf que maintenant, je commence à changer d’avis. En effet, déjà en Turquie, les claviers ne sont plus les mêmes que par chez nous. Ce n’est pas le fait qu’il soit en QUERTY qui pose problème, mais la symbolique est déjà différente. Par exemple, il n’y a pas de point sur les i du clavier et les adresses internet ne fonctionnent plus. Concrètement, il y a une touche complémentaire planquée sur le clavier. Ici en Géorgie, où a cours l’alphabet cyrillique, je n’ose même pas regarder leur clavier.
La photo aussi me pose question. Ordinairement, quand je partais pour 2 ou 3 semaines, j’étais un photographe compulsif et je revenais avec environ 2 500 photos. Et encore, elles avaient déjà fait l’objet d’un tri journalier. Pour ce trip, j’en fais très peu, quasiment pas, je n’en ressens pas le besoin. Je n’ai jamais fait de photos pour prouver mon passage dans tel ou tel endroit, à la façon des Japonais. Non, ce qui m’anime habituellement, c’est une recherche esthétique de la photo. Ici, je suis dans un train qui roule et je regarde défiler les paysages, je trouve cela beau et cela me suffit. Je dois avouer que certaines photos sont faites pour vous, pour avoir quelque chose à vous montrer, sans cela l’appareil serait encore plus souvent rangé.

Pour rejoindre Tbilissi, Karma (correspondant Est-Motorcycles habitant la région – NDLR) m’a conseillé une route absolument merveilleuse, la route sud (j’ai dû rebrousser chemin après 85 km parcourus, la neige bloquait la route un peu plus haut). Elle longe un fleuve tumultueux en cette saison, grossi par la fonte des neiges et par la pluie qui m’accompagne. La vallée et plutôt escarpée et une forêt dense habille les reliefs. Tout n’est que vert, du vert le plus tendre des nouvelles pousses printanières, au vert foncé des résineux qui eux ont résisté à l’hiver. Le ciel, quant à lui, n’est qu’un camaïeu de gris/noir. Malgré celà, la lumière est belle et donne au paysage un air poétique. Des lambeaux de nuages s’accrochant à la cime de certains arbres, achèvent de parfaire ce tableau. Comment photographier ce moment de bonheur que je vis, j’é me sens bien malgré la pluie, sans autre préoccupation que de regarder les beautés environnantes. J’ai pourtant voulu, mais je savais que je n’arriverais pas à retranscrire ces émotions. Dans ces conditions, tout le matériel que j’ai emporté, y compris un trépied, ne me sert à rien, et pourtant, je garde. Ce que je ne regrette absolument pas d’avoir emporté, c’est une carte du monde pour expliquer de façon simple mon voyage. C’est encore Hubert qui m’a inspiré cela. Il a (ou avait) collé sur l’avant du panier une carte du monde pour les mêmes raisons.

Une chose importante pour moi, c’est la musique. Pourtant, avant de partir, j’avais hésité avant d’acheter un baladeur. La musique me permet de m’évader encore d’avantage et de rompe une certaine solitude, car la réalité, c’est qu’en voyage, on se retrouve souvent seul. Je ne m’en plains pas, j’aime aussi la solitude. Le soir, avant de m’endormir en même temps que le soleil décline sur l’horizon, j’écoute les podcasts de mes émissions préférées : là-bas si j’y suis, sur les épaules de Darwin, Rendez avec X … Un regret, c’est que la marque a la pomme ne lise pas directement les fichiers mp3 et c’est vraiment pas simple de lui faire digérer ma musique alors que mon PC fait cela très bien sans complication.
Il y a aussi mon agenda. J’y consigne, jour par jour, les évènements de la journée, parfois futiles comme l’heure du réveil et la température de la nuit. Quelquefois, je me confie à lui, le seul dans ces moments à avoir une oreille attentive à mes secrets.
Ma tente me donne pleinement satisfaction. C’est un lit de camp et j’y dors confortablement, isolé du sol. Je peux l’installer partout, sable, gros galets, boue, neige. Elle se monte et démonte en 5 minutes. Son gabarit plié ne pose pas de véritables problèmes, ni son poids de 8 kg. Je la transporte sur le porte bagage au-dessus de la roue de secours. Elle est bien conçue et pour le moment, aucun défaut ni problème après 2 mois d’utilisation intensive.
Je suis en revanche très déçu de l’ordinateur de bord, pourtant venu d’une marque allemande reconnue. Dès les premières boues, l’aimant du compteur collé sur le côté de la jante a été arraché. Plus de compteurs ni de trip.
La sonde de température a une cosse ronde, mais elle est livrée avec une cosse plate femelle, la connexion n’est pas parfaite et les températures affichées sont fantaisistes. Et que dire du service après-vente. Il me manquait un connecteur 3 broches 15 jours avant le départ. Je les appelle et leur demande de me dépanner en urgence. Leur réponse par mail et venue 10 après mon départ.

Pour terminer provisoirement sur le sujet, j’ai probablement emporté trop de choses, mais voyageant seul, j’ai de la place pour encore garder tout cela un moment, on verra plus tard.

Après 1 mois, jour pour jour passé en Turquie et 5 700 km, je la quitte un peu triste. Triste parce que je m’étais habitué à elle, et elle a nous, Sacha et moi. Je commençais à en comprendre les codes, les coutumes, le prix du pain, le prix du ”Çay”, le thé servi localement. En passant la frontière Géorgienne, il faudra que je réapprenne tout cela, il faudra que j’oublie ce que j’ai appris ici.

Je suis triste aussi pour les dernières centaines de kilomètres parcourues, parce qu’une nationale à la façon Turque, 2×2 voies, voir 2×3 voies, est venue enlaidir le littoral qui longe la mer noire. Quand j’écris enlaidir, c’est faux, il n’y a plus de littoral, « l’autoroute » le recouvre entièrement pour laisser passer les camions allant et venant de Géorgie. Pourtant, entre Amasta et Inebolu, ce littoral donne ce qu’il a de plus beau. C’est vrai qu’ici la route est étroite, très sinueuse et avec des pentes a plus de 10 %. Après une journée passée au guidon de Sacha, j’en avais mal aux mains, mais quel régal. Construire la route en retrait, vers l’intérieur des terres ? mais là aussi les paysages, d’une autre nature, sont tout aussi beaux. De plus, compte tenu du relief, cela coûterait certainement beaucoup plus cher. Que dirait Diogène, le philosophe Grec né sur ces côtes, dans la ville de Sinop ?

Plus je m’approchais de la frontière Géorgienne, et plus le temps devenait maussade, pour finalement devenir pluvieux. Mes premières pluies depuis mon départ, il y a presque 2 mois. C’est comme si la Turquie versait des larmes de pluies sur nous, elle aussi, triste de nous voir partir.

atamata 13

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